Violences faites aux femmes : cela nous concerne toutes et tous

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La mobilisation s'annonce massive samedi 23 novembre pour la manifestation contre les violences faites aux femmes et les féminicides.

violences faites aux femmes
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Il faut parfois enfoncer des portes ouvertes. Oui, les violences faites aux femmes – cis et trans–  nous concerne toutes et tous. Car elles nous touchent dans notre humanité. Depuis le début de l’année, en France, selon le collectif féministe Féminicides par compagnons ou ex, 137 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon. Selon des estimations, près de 100 000 femmes ont été victimes de viols en 2017 et seulement une plainte sur dix a abouti à une condamnation. Au delà des chiffres, ces faits démontrent que l’on est face à une violence systémique faite aux femmes.

La mobilisation de nombreuses femmes, des personnalités, et de collectifs, comme #NousToutes, a permis de lever les silences, les tabous et certains freins. Dans l’espace public, où les violences s’expriment, on a vu fleurir des affiches rappelant la réalité des violences.

 

 

 

Des médias, dont Libération en premier puis Le Monde et désormais l’agence de presse AFP ont décidé de prendre à bras le corps ces sujets. Le 13 novembre, des dizaines d’hommes ont signé une tribune dans Libération justement et intitulée « Nous marcherons avec les femmes le 23 novembre pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles ». Mais il reste tant à faire du côté des pouvoirs publics et en particulier dans la police et la justice.

 

Discriminations croisées

Il faut saluer les associations LGBT+ qui ont appelé à participer à la manifestation du samedi 23 novembre à Paris. Dans son communiqué, l’Inter-LGBT souligne aussi qu’il faut prendre en compte toutes les les discriminations croisées : « L’Inter-LGBT tient également à rappeler l’importance de la prise en compte des différentes discriminations pour prendre en compte les violences faites à toutes les femmes : migrantes, précaires, racisées, lesbiennes, bies, trans, travailleuses du sexe, personnes intersexes. Les femmes en situation de handicap, les femmes séropositives, ou qui souffrent de maladies chroniques sont également particulièrement vulnérables. » En tant que personne LGBT, on ne sait malheureusement que trop bien ce que signifie la violence en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre et toutes les formes que les LGBTphobies peuvent prendre. Mais on est aussi obligé de constater que les femmes (cis et trans) lesbiennes sont encore plus discriminées, ainsi que les personnes intersexes et non-binaires. Même si certains courants du mouvement féministe ne sont pas forcément des alliés des combats LGBT+ (comme la GPA ou les droits des travailleur.se.s du sexe), il faut se montrer solidaires et impliqué.e.s.

C’est la deuxième édition de cette marche lancée par #NousToutes. La première, qui avait eu lieu le 24 novembre 2018, et qui avait réuni près de 50 000 personnes selon le collectif, avait été quelque peu éclipsé par la manifestation au même moment des Gilets jaunes. Cette année, il faut souhaiter que la mobilisation soit massive, alors que le gouvernement doit annoncer lundi les mesures du Grenelle contre les violences faites aux femmes. Comme l’a expliqué sur France Info la militante féministe Caroline de Haas,  « on ne fera pas reculer les féminicides sans mettre de moyens supplémentaires sur la table ». L’Espagne l’a fait bien avant la France, avec des résultats probants.

Durant les années 80 et 90, les militant.e.s de la lutte contre le sida ont pu, à force d’actions visibles, arracher aux pouvoirs publics des moyens supplémentaires mais aussi lever la chape de silence autour de l’épidémie et changer le regard sur les personnes atteintes. On n’obtiendra rien que nous n’aurons pas arraché, ensemble. Pour reprendre un slogan d’Act Up-Paris : Moins de paroles, des actes ! Comme pour faire écho à celui des collectifs actuels : Moins de paroles, des moyens !