Monica Benicio, veuve de Marielle Franco : « La révolution est féministe, LGBTQI, noire et indigène »

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Inlassablement, Monica Benicio poursuit le combat qu'elle et sa compagne ont porté. Komitid l'a rencontrée à Kiev, lors de la Conférence lesbienne* européenne.

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Monica Benicio, militante pour les droits humains au Brésil, lors de la Conférence lesbienne* européenne - Maëlle Le Corre
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Elle était l'une des invitées phares de cette seconde édition de la Conférence lesbienne* européenne. Quand Monica Benicio, militante brésilienne et ancienne compagne de Marielle Franco, élue municipale de Rio de Janeiro assassinée le 14 mars 2018, a pris la parole ce vendredi 12 avril, toute la salle a retenu son souffle. Nul doute qu'une vive émotion a traversé chaque participante quand Monica Benicio, portant toujours son t-shirt noir où sont inscrits les mots « Who killed Marielle ? » a évoqué la mort de son épouse. L'implication de la police dans le meurtre de Marielle Franco fait peu de doutes, pourtant plus d'un an après, l'enquête sur les auteurs de ce crime indéniablement politique n'a guère avancé.

Depuis le Brésil a élu Jair Bolsonaro, qui représente à lui seul l'antithèse de Marielle Franco. Raciste, misogyne et homophobe, l'ancien député fédéral réélu depuis 30 ans a été propulsé sur le devant de la scène politique à coups de fake news outrancières et d'appels à la haine contre les minorités. S'entretenir avec Monica Benicio, c'est pouvoir évoquer la résistance qui doit s'opérer au Brésil contre Bolsonaro, et l'envisager comme l'héritage de Marielle Franco.

Marielle dans la peau

Alors qu'on attend sa traductrice avant de commencer l'entretien, Monica Benicio fouille dans son sac, en sort un petit tube de crème hydratante qu'elle applique sur son avant-bras gauche. C'est un tatouage, dont on voit au noir profond qu'il est encore frais. C'est le visage de Marielle Franco qu'elle a encré dans le creux de son bras. Une façon de continuer à ne faire qu'une avec elle. Car c'est désormais elle qui fera vivre l'activiste, qui devra porter sa voix et son combat. Marielle assassinée, elle vit désormais en Monica.

« Le combat pour la justice que je mène, ce n'est pas seulement pour ma femme, ma bien aimée, mais aussi pour la nécessité de libérer toutes les femmes. »

Quand l'interview commence enfin, Monica Benicio reste songeuse à la simple question « comment allez-vous ? ». Elle soupire, les yeux un peu perdus dans le vide : « Ce n'est pas une question facile. C'est même la question la plus difficile. Mais si je continue, c'est sûrement par nécessité. Le combat pour la justice que je mène, ce n'est pas seulement pour ma femme, ma bien aimée, mais aussi pour la nécessité de libérer toutes les femmes. »

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