« Je ne dors pas bien depuis des semaines » : cinq personnalités LGBT+ brésiliennes face au danger Bolsonaro

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Deux jours avant le second tour de la présidentielle au Brésil, qui pourrait voir la victoire du candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro, Komitid donne la parole à cinq personnalités LGBT+. Certaines sont plus inquiètes que d'autres, mais aucune n'envisage l'avenir avec sérénité.

Alisson Prando est blogueur, journaliste et chercheur au CNPq (Conseil national de développement scientifique et technologique), sur les thématiques du genre, de la sexualité et du féminisme.
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Il est très probable que si vous ne vivez pas au Brésil, vous ne compreniez pas totalement le risque de choisir Jair Bolsonaro comme nouveau président de la République dimanche 28 octobre. Mais si l'on vous dit qu'il juge positivement la torture de la dictature militaire, qu'il minimise les droits des femmes, qu'il est raciste et qu'il pense que les personnes LGBT+ ne devraient pas exister, vous commencerez sans doute à mieux percevoir le danger qui se profile pour la 7e économie mondiale et pour une grande partie des 194 millions d'habitant.e.s du Brésil. Jair Bolsonaro, le candidat qui a le plus de chances de l’emporter dimanche prochain, a déjà déclaré à plusieurs reprises que l'homosexuel « choisit la vie qu'il a et [qu'] il doit le payer ».

Au cours des dernières semaines, le pays a connu une vague de violences que beaucoup attribuent au comportement et aux prises de position de Jair Bolsonaro. Il y a eu plus de cent cas de passages à tabac, y compris des décès pour des raisons politiques, et toutes les personnes attaquées étaient soit des personnes LGBT+, soit des femmes noires.

Certain.e.s se sentent autorisé.e.s à gifler quelqu’un.e au milieu de la rue et à dire qu'ils vont « tuer des pédés ». Toutes les plaintes sont ignorées. Ce mois-ci, un groupe d'hommes est entré dans le métro bondé de São Paulo, la plus grande ville du pays, en chantant: « Bolsonaro va tuer un pédé ». Une carte du chercheur et journaliste Haroldo Ceravolo montre plus de 50 cas de violences commis depuis début octobre par les partisans de Bolsonaro.

Bolsonaro à près de 60 % dans les sondages

Lors du premier tour, près de la moitié des électeurs et électrices qui se sont rendues aux urnes ont choisi Jair Bolsonaro. Le second tour, qui doit se dérouler ce dimanche, se présente accompagné d'un fort sentiment de peur, de désespoir, d’instabilité et d'incertitude absolue sur l’avenir. Les partisans de Jair Bolsonaro pensent promouvoir le changement dans le pays. Mais ils ne voient tout simplement pas qu'il s'agit d'un changement pour le pire. Selon les sondages publiés par la presse brésilienne en début de semaine, Bolsonaro garde les faveurs de 57% des électeurs contre 43% pour Fernando Haddad, le candidat du Parti des Travailleurs.

Nous avons interviewé cinq personnalités LGBT+ brésiliennes pour connaître leur analyse concernant ces élections. Certaines sont plus inquiètes que d'autres, mais aucune n'envisage l'avenir avec sérénité.

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