Quand l'Islande fait marche arrière sur l'interdiction des opérations sur les enfants intersexes

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À la dernière minute le gouvernement islandais a fait disparaitre un article d'une future loi qui aurait interdit les opérations chirurgicales sur les enfants intersexes. Une situation incompréhensible et frustrante, explique une activiste locale à Komitid.

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Des marches colorées à Reykjavik en Islance - Juraj Kamenicky / Shutterstock
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L'Islande, pas si progressiste que ça ? Le pays a beau être à la pointe sur la parité et les questions d'égalité femme-homme, il reste largement à la traine sur les questions liées à la santé des personnes intersexes. Et ce n'est pas un projet de loi, touchant à l’autonomie en matière de sexualité et de genre, qui devrait être déposé à la fin du mois au Parlement, qui va changer la donne. Pourtant les espoirs de la communauté intersexe du petit pays, amarré dans l'Atlantique Nord, étaient grands. Explications.

Le constat est simple : comme de nombreux autre pays, l'Islande ne reconnait pas les droits des personnes intersexes. Comme en France, des opérations d'assignation sexuelle leur sont en effet imposées dans l’enfance ou l’adolescence, parfois même les deux, sans se soucier de leur consentement (certain.e.s sont également contraintes de suivre des traitements hormonaux). Pourtant, en 2016 l’ONU avait qualifié ces pratiques mutilantes de torture. En tout, ce sont près de 6 000 personnes « nées avec des variations des caractéristiques sexuelles qui ont beaucoup de mal à obtenir des soins de santé appropriés et fondés sur leurs droits humains », explique l'ONG Amnesty International dans un communiqué.

Les droits des enfants intersexes repoussés aux calendes grecques

« La communauté intersexe n'est pas visible du tout », explique à Komitid Kitty Anderson, la présidente de l'association Intersex Iceland. « Les gens ont peur de perdre leur travail ou d'y être harcelés, voire même de perdre leur famille ou leurs amis .» Il faut dire que les 350 000 habitant.e.s du pays n'ont commencé à parler de ce sujet il y a seulement quelques années. « Avant 2014, tout ce qui était trouvable en islandais sur les personnes intersexes était pathologisant ou dégradant », se rappelle l'activiste. Pire, jusqu'en 2015, le dictionnaire islandais traduisait « intersexe » par « viðrini », qui signifie littéralement « loser ».

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