Chéries-Chéris : Grand Prix pour « Les Moissonneurs » et deux films brésiliens au palmarès

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Le Prix du jury a été attribué à « Hard Paint » et le Grand Prix documentaire à « Bixa Travesty », deux films déjà récompensés aux Teddy Awards de Berlin. Bilan de fin de festival par Komitid.

« Les Moissonneurs », d'Etienne Kallos, Grand Prix à Chéries-Chéris /
« Les Moissonneurs », d'Etienne Kallos, Grand Prix à Chéries-Chéris / Pyramide Distribution

C’est le film sud-africain Les Moissonneurs qui remporte le Grand Prix de cette 24ème édition du festival du film LGBT+ de Paris. Le Brésil est deux fois au palmarès avec le Prix du jury pour Hard Paint et le Grand Prix documentaire pour Bixa Travesty, deux films déjà récompensés aux Teddy Awards de Berlin. Bilan de fin de festival par Komitid.

Après une semaine de projections, les jurys, un par catégorie (fiction, documentaire et courts métrages) de la 24ème édition de Chéries-Chéris ont tranché et c’est le réalisateur sud-africain Etienne Kallos qui repart avec le Grand Prix pour son film Les Moissonneurs. Il faudra attendre le 20 février, date de la sortie française de ce film découvert à Un Certain regard à Cannes, pour faire la connaissance de Janno, ado un peu à part qui va devoir partager son foyer avec Pieter, un jeune rebelle recueilli par sa mère. Des images magnifiques et puissantes nourrissent ce drame intimiste à l’atmosphère très particulière. Le Prix du jury est attribué à Hard Paint de Marcio Reolo et Filipe Matzembacher, un film brésilien extrêmement fort et recommandation numéro un de notre top des séances à ne pas manquer. C’est le portrait de Pedro, jeune homme solitaire qui fait des shows via webcam et va, petit à petit, sortir de sa bulle. Ce film beau et brut, fer de lance d’une espèce de « novo » queer cinéma venu du Brésil, sera sur les écrans français le 15 mai.

Côté fiction, le palmarès est complété par un prix d’interprétation remis à Dominique Fishback et Tatum Marilyn Hall qui incarnent avec conviction Angel, une jeune fille de 18 ans qui sort de prison et sa petite sœur Abby dans le très beau film américain Night comes on de Jordana Spiro, en salles le 13 février prochain. Enfin, La Favorite, nouvel opus burlesque-trash du réalisateur grec Yorgos Lanthimos (The Lobster, Mise à mort du cerf sacré), film-événement de l’ouverture du festival, se voit décerner une mention spéciale par le jury (à découvrir le 6 février).

Le jury documentaire a lui aussi mis le Brésil à l’honneur et donne son Grand Prix au portrait haut en couleurs de la fascinante rappeuse trans Linn Da Quebrada, dans Bixa Travesty. Sa vie est une succession d’actes d’affirmation, de rires, de musiques, et de moments d’introspection extrêmement touchants. Ce documentaire qui doit beaucoup à la force de son héroïne sera sur les écrans français en juin prochain. Les jurés ont également récompensé du Prix du jury du documentaire Liam d’Isidore Bethel, un journal intime protéiforme et introspectif dans lequel le jeune réalisateur interroge ses proches pour dresser le portait de Liam, son ami d’enfance décédé.

Francophonie à l’honneur côté courts

Du côté de la compétition des courts métrages, c’est la francophonie qui est à l’honneur avec un Grand Prix pour le film multi-primé du canadien Marc-Antoine Lemire, Pré-drink, l’histoire d’un apéro qui dérape entre deux ami.e.s de longue date, Alexe, jeune femme trans et Carl, jeune homme gay. Ce film drôle, enlevé et sensuel est effectivement une jolie réussite qui a conquis pas mal de jurys dans les festivals à travers le monde. Le Prix du jury est, lui, attribué à Que la nuit s’achève de Denoal Rouaud, film français assez classique qui malgré un sujet original (la première expérience homo d’un chauffeur de VTC avec un artiste de passage) manque un peu de souffle.

Bilan donc plutôt très positif pour un festival qui a connu un bon taux de remplissage des salles pendant ces dix journées dédiées successivement aux séries et au cinéma et offert au public une programmation d’une grande qualité qui permettait un panorama relativement complet de la planète actuelle du cinéma LGBT+. Cependant, l’éclatement des lieux de projection dans 3 salles du réseau MK2 (Quai de Seine, Beaubourg, Bibliothèque) ne permet pas de créer un lieu de rendez-vous identifié, convivial pour le public et les professionnels qui donnerait au festival un vrai supplément d’âme.