Le Conseil de Paris adopte un vœu contre les LGBTphobies à l’unanimité

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Un symbole fort. Mais quelles mesures concrètes suivront l’adoption de ce voeu dans l’assemblée parisienne ?

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Le Conseil de Paris le 14 novembre 2018 - Fabien Jannic-Cherbonnel / Komitid

Rare. Ce mercredi 14 novembre 2018, les différents groupes du Conseil de Paris ont adopté, à l’unanimité, un voeu commun contre les LGBTphobies. Une décision qui fait suite à une vague d’agressions homophobes, transphobes et lesbophobes à Paris comme ailleurs France. 

Les dorures de l’hôtel de ville de Paris ne changent pas, mais les discours, oui. C’est à 14h45, après l’intervention de la maire de Paris Anne Hidalgo, que les présidents et présidentes de groupes d’élu.e.s ont pris la parole tour à tour, pour condamner les agressions LGBTphobes. Des discours, il y en a eu dans cet hémicycle quelque peu dégarni, certains plus inspirés que d’autres. Entre deux envolées lyriques, on a bien cru entendre une élue utiliser le mot « transexuel » quand une autre s’est bornée à ne parler que d’« homosexuels » tout au long de son intervention.

Rémi Féraud, représentant le groupe socialiste, a eu beau jeu de rappeler que « tous n’ont pas toujours partagé ce combat », pointant du doigt la participation de certain.e.s « à La Manif pour tous plutôt qu’à la Marche des fiertés ». David Belliard du groupe EELV a quant à lui a tenu à préciser que l’unanimité de l’hémicycle ne devait pas cacher les divisions politiques présentes, notamment sur la question de la PMA.

Il n’empêche, cette unanimité est un symbole fort, alors que certains et certaines à droite n’hésitent pas à utiliser les droits des personnes LGBT+ comme un véritable chiffon rouge.« On n’aurait pas pu faire ça il y a quatre ou cinq ans ! », confiait d’ailleurs Hélène Bidard, adjointe à la Mairie de Paris chargée notamment de la lutte contre les discriminations, à Komitid après l’adoption du vœu.

Répression et éducation

Et concrètement alors ? Oubliés, ces bons vieux ABCD de l’égalité, tous les groupes sont d’accord sur un constat : la dénonciation des actes LGBTphobes ne se suffit pas à elle-même. S’attaquer à l’origine du problème passe aussi voire surtout par l’éducation et la sensibilisation des jeunes générations. « Il faut expliquer que même pour rire, on ne se traite pas de pédé dans la cour de récré  », a souligné Laurence Goldgrab, représentante du Parti Radical de Gauche.

Par ailleurs, plusieurs des intervenant.e.s à s’être exprimé.e.s en amont du vote ont rappelé que la libération des paroles LGBTphobes, notamment au sujet de la PMA, entrainait invariablement une montée des actes et agressions de même caractère discriminatoire. Après avoir alerté sur le contexte international, citant entre autres les propos de Jair Bolsonaro, ceux d’Agnès Thill sur le « lobby LGBT  » et d’Henri Leroy sur « l’eugénisme nazi » ont également été dénoncés.

Du côté de l’exécutif parisien, on se félicite de l’initiative et on promet de faire de Paris, « plus que jamais, la capitale de toutes les fiertés ». La mairie avait déjà réuni les associations LGBT+ et différents acteurs et actrices publiques il y a quelques semaines et devrait présenter des mesures concrètes mercredi 21 novembre prochain lors d’une conférence de presse.

En dehors de la proposition polémique d’envoyer des condamnées pour LGBTphobies dans les associations, des bruits de couloirs indiquent la possibilité du lancement d’une grande campagne de sensibilisation nationale. Anne Hidalgo devrait aussi appuyer la demande de Jean-Luc Roméro de faire de la Grande Cause de 2019 celle de lutte contre le sexisme et les LGBTQIphobies. Et cette fois, la balle est dans le camp du gouvernement.