La vraie victoire des midterms américains, c'est celle des femmes, des LGBT+ et des minoritées racisées

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Les élections de mi-mandat aux États-Unis ne sont ni une victoire pour Trump, ni une vague bleue. Mais elle montre que l'Amérique a changé.

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Une femme en Californie le 20 janvier 2018 - Sheila Fitzgerald / Shutterstock

Les midterms, une « victoire  » pour Donald Trump ? Certainement pas. Une vague bleue ? Un peu, notamment pour la Chambre des représentants. Mais ces élections de mi-mandat américaines signent surtout la victoire d’un nouveau genre de candidats et candidates progressistes, pour la plupart des femmes, souvent LGBT+ et non blanches. Preuve que la petite musique qui voudrait que depuis 2016 les États-Unis s’enfoncent toujours plus dans l’ultra-conservatisme n’est pas complètement juste.

Certes, on se gardera bien d’affirmer que ces élections signent « l’année de la femme » comme le font certains médias américains. Pour cela, il aurait fallu que plus de la moitié des élu.e.s soient des femmes. Mais leur nombre n’a jamais été aussi important au Congrès américain. Comme le révèle cette superbe infographie du Washington Post, elles sont 116 sur 277 à avoir été élues à l’heure de l’écriture de ces lignes.

Pour la plupart démocrates, mais pas que, elles sont également souvent jeunes et racisées : on pense notamment à la victoire d’Alexandria Ocasio-Cortez, qui devient à 29 ans la plus jeune élue du Congrès ou de Ilhan Omar et Rashida Tlaib, les deux premières femmes musulmanes à entrer à la Chambre. Côté LGBT+, on notera l’élection d’un gouverneur gay au Colorado, la belle victoire de Sharice Davids à la Chambre des représentants, ouvertement lesbienne et amérindienne. Oui, il faut aussi mentionner la défaite de Christine Hallquist, candidate trans au poste de gouverneure du Vermont, mais sa nomination était déjà tout un symbole. Ne pas oublier, non plus, le «  oui » des électeurs et électrices à une proposition visant à protéger les personnes trans dans le Massachusetts.

Amérique changeante

Alors quoi ? Contrairement à ce que peuvent bien raconter les médias français, cette vague de la diversité n’est pas une note de bas de page de ces élections, ne se résumant pas à une liste de « premiers ». Et elle n’est certainement pas « atypique » comme l’explique LCI. Non, elle parle d’une Amérique changeante, d’une Amérique où les femmes, les minorités sexuelles et les personnes racisées veulent et peuvent prendre la parole pour elles-mêmes. L’élection est un signal envoyé aux leaders républicains et démocrates, que de mettre en avant des profils autres que ceux de vieux hommes blancs hétérosexuels paye.

Mettre en avant des profils autres que ceux de vieux hommes blancs hétérosexuels paye

Il est aussi bon de rappeler qu’aux États-Unis, pays pourtant décrit comme la terre de « la bien pensance » avant l’élection de Donald Trump, il n’existe ni quota, ni règles obligeant à la parité. La victoire de personnes issues de minorités n’en est donc que plus symbolique. Et si le résultat de certaines courses, annoncées comme gagnables pour les démocrates, ont déçues, il faut aussi noter que dans de nombreux territoires acquis au parti Républicain, les candidats conservateurs l’ont emporté, mais de justesse. En exemple le Texas, où Ted Cruz n’est pas passé loin de la défaite et où Gina Ortiz Jones n’a manqué d’être élue qu’à quelques centaines de voix.

S’il est encore un peu tôt pour analyser les données de vote, on sait déjà à qui (en partie) attribuer ces nombreuses victoires : l’influence d’une plus forte participation qu’à l’accoutumée et le soutien des électrices, notamment des femmes blanches, qui avaient voté majoritairement pour Trump en 2016. Il semble que les propos incendiaires du président et la nomination de Brett Kavanaugh, accusé de viol, à la Cour suprême, les aura détournées du twitteur compulsif.

La vraie Amérique, ce n’est pas que les hommes (et femmes) blanches en colère qui ont voté pour Trump

Une analyse des cartes électorales prouve d’ailleurs que la lecture simpliste côtes contre centre, villes contre campagnes, ne veut pas dire grand chose. Non, la vraie Amérique, ce n’est pas que les hommes et les femmes blanches en colère qui ont voté pour Trump. L’Amérique c’est aussi les femmes, les immigré.e.s, les Amérindien.ne.s et les LGBT+, qui peuplent son territoire… Et, à en croire les projections démographiques, cette Amérique là deviendra bientôt majoritaire, notamment grâce aux populations latines.

Il n’y a donc plus qu’à espérer que ces victoires soient le signe que les progressistes pourront faire battre Donald Trump en 2020. Encore faudra-t-il que les démocrates tirent les bonnes leçons de la nuit dernière : si les élections se jouent souvent sur des politiques locales, parier sur le renouvellement des visages paye. On espère que le parti ne propulsera pas Joe Biden, l’ancien vice-président de Barack Obama, comme candidat. Et que les promesses de faire travailler la Chambre sur l’Equality Act, qui viendrait ajouter des protections fédérales aux personnes LGBT+, seront respectées. Une telle loi est plus que jamais nécessaire, l’administration Trump souhaitant tout simplement faire « disparaitre les personnes trans des textes officiels ».

 

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