En Nouvelle Calédonie, Diversités NC lutte depuis 20 ans pour faire reculer les LGBTphobies

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A l'occasion du référendum dimanche sur l'indépendance en Nouvelle Calédonie, Komitid a contacté l'association LGBT+ locale, Diversités NC. Elle dresse le bilan de 20 ans d'actions dans l'archipel et appelle les pouvoirs publics à renforcer la lutte contre les LGBTphobies.

Une vue de Nouméa, la capitale de la Nouvelle Calédonie - Kati McKeon / Shutterstock

Plus de 16000 kilomètres sépare la métropole de la Nouvelle Calédonie, dont les habitant.e.s votent dimanche pour ou contre l’indépendance de l’île, conquise par la France au 19e siècle. L’Onu considère d’ailleurs toujours cet archipel comme un territoire colonisé. Même si la Nouvelle Calédonie dispose d’un statut particulier de large autonomie depuis l’accord de Nouméa de 1998, les disparités économiques, sociales et politiques restent très fortes entre les populations kanakes, marginalisées, et les habitant.e.s originaires d’Europe, dont quelques familles tiennent l’essentiel du commerce et de l’économie.

L’année 1998 a vu un autre événement important pour la communauté LGBT+ en Nouvelle Calédonie : la création d’Homo-Sphère, dont les objectifs, selon l’actuelle équipe de l’association que nous avons contactée, était « de rassembler, d’informer et de soutenir la communauté LGBT. » L’association a depuis pris le nom de Diversités NC, et œuvre aujourd’hui pour l’inclusion des diversités sexuelles, des identités de genre et des pluralités familiales à l’échelle du territoire calédonien.

Dix ans de combat pour le Pacs

Le travail des militant.e.s de l’association n’a pas toujours été simple. Un exemple parmi d’autres ? Le pacs, voté en 1999 et qui a permis un début de reconnaissance des couples gays et lesbiens, n’était pas appliqué en Nouvelle Calédonie.  « Notre travail de lobbying, d’interventions et de persuasion auprès des décideurs politiques locaux a duré 10 ans », explique aujourd’hui l’association. C’est en mai 2009 que le pacs est étendu à ce territoire.

Autre temps fort pour l’association, les débats autour du mariage pour tous en 2013. « L’association Homo-Sphere a tout naturellement pris sa place dans le débat, en respectant les valeurs républicaines d’égalité, de liberté et de fraternité », explique l’équipe.

La Nouvelle Calédonie dispose de pouvoirs élargis dans de nombreux domaines, dont la santé. Depuis dix ans, l’association travaille beaucoup plus en réseau avec le milieu associatif et institutionnel. Selon l’équipe actuelle, elle est  « devenue au fil des années un véritable acteur reconnu dans le domaine de la lutte contre les LGBT-phobies et la prévention des IST et du VIH. » Elle a ainsi intégré le programme de promotion de l’équilibre affectif et sexuel propre à la NC et dirigé par l’ASSNC (Agence sanitaire et sociale de la NC). Ce qui la conduit à diffuser aussi des vidéos de prévention ou de sensibilisation. Elle dispose aussi d’une ligne d’écoute (976264), ouverte sept jours sur sept, de 9 heures à 21 heures.

L’archipel n’échappe pas aux manifestations de haine LGBTphobe. En 2016, raconte l’équipe, les anciens locaux de l’association ont été incendiés et il a fallu toute l’année 2017 pour reconstruire et évoluer, en changeant le nom et l’identité visuelle pour devenir Diversités nc.

« La colonisation puis l’évangélisation ont en partie contribué à supprimer des repères et des schémas autrefois faits d’inclusion et de libertés d’orientations sexuelles et d’identités de genre en Mélanésie et en Polynésie »

L’association ne cache pas que l’histoire coloniale et religieuse laisse des traces. L’équipe explique : « La colonisation puis l’évangélisation ont en partie contribué à supprimer des repères et des schémas autrefois faits d’inclusion et de libertés d’orientations sexuelles et d’identités de genre en Mélanésie et en Polynésie. Les difficultés actuelles reposent sur la déconstruction des représentations et des stéréotypes, l’autonomisation des personnes ainsi que l’accompagnement des organisations à poursuivre une ouverture des dispositifs bienveillants et inclusifs. »

 

Le référendum de dimanche, quel qu’en soit le résultat, va marquer une étape dans l’archipel. Diversités nc appelle les institutions à poursuivre les efforts pour plus d’inclusion des personnes LGBT+.  « La Calédonie après 40 ans d’efforts à construire le “vivre ensemble”, destin commun construit avec et pour toutes ses communautés culturelles se cherche aujourd’hui (ce dimanche) un avenir », explique l’équipe. « Construisons enfin ce destin commun pour tou.te.s sans distinction d’age, d’origine, d’état de santé, de confessions, de croyances, d’appartenances, de niveau de dépendance et bien évidemment d’orientation sexuelles et/ou d’identités ou d’expressions de genre. Continuez à nous aider à poursuivre la diffusion de ces dispositifs pédagogiques qui permettent la compréhension puis l’acceptation de la singularité de l’autre en contribuant ainsi à la diminution des actes LGBT-phobes, au sein des groupes sociaux, familiaux, des environnements proches, institutionnels et des organisations. »

Selon les derniers sondages avant le scrutin de dimanche, c’est le non à l’indépendance qui devrait l’emporter.

Pour suivre les activités de l’association Diversités nc, allez sur sa page Facebook.