Emmanuel Grégoire : « Il n'est pas question que des individus mettent en danger la sécurité et la liberté » des LGBT+

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La Mairie de Paris va réunir les associations et les pouvoirs publics pour établir une feuille de route contre l'homophobie. Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d'Anne Hidalgo, explique la démarche à Komitid.

Emmanuel Grégoire Mairie LGBTphobe
Emmanuel Grégoire en 2014 - Facebook / Mairie de Paris

Une de plus. Une de trop. Depuis quelques mois, les agressions LGBTphobes ne semblent plus vouloir s’arrêter. On apprenait hier l’agression homophobe de Guillaume Mélanie, le président d’Urgence Homophobie. « Un monsieur qui a dû voir qu’on était gays, ça ne lui a pas plu », expliquait-il. En quelques heures, le militant a reçu le soutien de nombreux et nombreuses responsables politiques, notamment de Paris.

Une enquête a d’ores et déjà été ouverte, il ne reste plus qu’à espérer que les services de police retrouvent rapidement l’agresseur du militant. Mais que faire, pour contrer ces agressions LGBTphobes qui semblent de plus en plus nombreuses ? Mercredi 17 octobre, la Maire de Paris Anne Hidalgo a proposé  aux associations LGBT+ de la capitale ainsi qu’à la préfecture de police, au parquet et à la Dilcrah de s’asseoir autour de la table. Le but est de définir une réponse adéquate à la recrudescence des agressions dans les rues parisiennes.

Contacté par Komitid, Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire, explique le sens de la démarche. Et juge que le statut de Paris comme ville gay-friendly n’est pas remis en cause.

Komitid : Quelle a été votre réaction face à ces multiples agressions LGBTphobes ?

Emmanuel Grégoire : Elles nous inquiètent. On constate une résurgence d’incivilités, d’agressions parfois graves à l’endroit de personnes LGBT. Nous sommes soucieux d’envoyer un message de mobilisation face à toutes ces agressions et nous voulons soutenir les associations. Il y a 48 heures, nous avons pris avec Anne Hidalgo la décision de réunir toutes les parties pour faire un point sur ces agressions. L’idée est donc de réunir les associations, mais également les pouvoirs publics qui ont un rôle en la matière : la ville évidemment, mais aussi la Préfecture de police, le parquet, le Tribunal de grande instance et la Dilcrah.

Quel est le but de cette réunion ?

Nous avons deux objectifs. Le premier est un partage d’informations pour comprendre ce qu’il se passe. Y a-t-il une recrudescence des agressions homophobes ? Est-ce une augmentation du nombre d’agression ou une meilleure déclaration, une meilleure connaissance de ces phénomènes ? Il peut aussi y avoir une exacerbation de la violence sans que cela soit quantitatif. Ni nous, ni les associations ne sommes totalement équipés pour savoir ça. Ceux qui peuvent donner des éléments plus précis, ce sont les services de police.

Le deuxième avantage, c’est de mettre la pression pour une bonne exécution des mesures mises en place pour empêcher ce genre de choses. C’est là que la présence de toutes les parties es importante : d’un côté, le travail préventif et de l’autre la communication. Et il y a aussi la mobilisation de l’arsenal répressif, qui a été renforcé ces dernières années. Il faut vérifier sa bonne exécution : le nombre de poursuites, le traitement des plaintes qui n’est pas forcément à la hauteur. Il faut aussi regarder la réponse pénale, la réponse du procureur et la façon dont les condamnations sont mises en œuvre.

« Il faut que les zozos, les abrutis qui se sentent autorisés à commettre ce genre d’agressions, comprennent que les services publics sont organisés pour les traquer et qu’il n’y aura aucune impunité en la matière »

C’est important pour que ça ne reproduise plus, il faut que les zozos, les abrutis qui se sentent autorisés à commettre ce genre d’agression, comprennent que les services publics sont organisés pour les traquer et qu’il n’y aura aucune impunité en la matière. Il faut qu’il y ait une inversion dans la hiérarchie de la peur.

Un peu plus tôt cette année, un classement nommait Paris comme la ville la plus gay-friendly du monde. Ce statut est-il remis en cause par ces agressions ?

Non ce n’est pas mon sentiment. Mais il n’est pas normal d’avoir ces agressions. Ce n’est ni normal, ni conforme à l’histoire de Paris. Le climat social nous semblait  pourtant plus apaisé, mais peut être que certains débats actuels, comme ceux sur la PMA, viennent crisper des gens qui sont déjà très crispés. Ce n’est pas acceptable qu’il y ait des effets collatéraux à des débats sociaux.

On parle de travail collaboratif. Mais que peut faire la ville de Paris pour combattre ces LGBTphobies ?

La ville a un programme de travail extrêmement important en la matière. Nous avions présenté un ensemble de mesures en juin dernier au conseil de Paris. Il y a par exemple le soutien des associations qui organisent La Marche des fiertés. Mais aussi l’inclusion des seniors LGBT+, celle des réfugiés… Nous avons également travaillé sur la question de l’accueil de l’administration, pour que celle-ci soit bienveillante vis-à-vis des personnes LGBT+. Nous formons nos agents, nous soutenons les associations qui s’occupent des questions de prévention… Il y a aussi notre engagement pour qu’avant 2020, nous ayons assuré la mise en œuvre de la création d’un Centre des Archives LGBT.

« Paris est une ville gay-friendly. Je crois que c’est une réalité sociologique et c’est une forme de fierté »

Paris est une ville gay-friendly. Je crois que c’est une réalité sociologique et c’est une forme de fierté. Il n’est donc pas question que des individus, en espérant qu’ils soient très minoritaires, mettent en danger la sécurité et la liberté d’un certain nombre de nos concitoyens et concitoyennes. Pour cela la ville n’a pas toute les réponse toute seule, mais nous sommes déterminés à servir de courroie de transmission entre tous les acteurs pour continuer ce combat.