Valérie Pécresse veut porter plainte pour diffamation contre Act Up-Paris

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Act Up-Paris dans le viseur de la présidente de la région Île-de-France. D'autres politiques et labos s'y sont pourtant déjà cassé les dents avant elle...

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Illustration de la campagne #PécresseDélinquante - Capture d'écran Twitter

C’est par des élu.e.s du groupe Alternative Écologiste et Sociale que l’information est sortie. À l’ordre du jour du prochain Conseil d’administration d’IDF Mobilités (ex Stif) figurerait en effet un point pour discuter de la prise en charge des frais d’avocat de Valérie Pécresse pour trainer Act Up-Paris en justice pour diffamation. Elle même qui, il y a quelques mois, s’auto-congratulait du succès de 120 battements par minute. Serait-ce là une revanche après avoir été zappée, plusieurs fois de suite, par les militant.e.s d’Act Up-Paris lors du festival Solidays en juin dernier ? « Elle nous avait dit qu’elle voulait porter plainte à ce moment là déjà », confie Marc-Antoine Bartoli, co-président d’Act Up-Paris à Komitid, « sauf qu’on ne savait pas pour quel motif  ».

Visiblement, la femme politique apprécie moyennement la campagne « Pécresse délinquante » lancée par Act Up-Paris suite à la persistance de Valérie Pécresse à priver les personnes bénéficiaires de l’Aide Médicale d’État (AME) de la tarification solidarité transport (permettant une réduction de 50 % du coût de leurs déplacements) en dépit de deux décisions de justice invalidant sa posture. Via cette campagne, l’association rappelle depuis plusieurs mois les manquements de la présidente de la région IDF à ses devoirs, qui isoleraient ainsi près de 110 000 individus se trouvant déjà dans une situation de précarité, étant pour beaucoup sans-papiers voire sans domicile fixe, parmi lesquels de nombreuses personnes vivant avec le VIH.

 

La santé mise de côté au profit d’un argumentaire anti-immigration

« C’est scandaleux !  », estime Marc-Antoine Bartoli. «  Elle avait déjà envoyé une lettre à Act Up-Paris suite à notre tribune du 31 juillet dans Mediapart, elle parle des personnes immigrées avec des propos racistes et occulte les questions de santé, alors que la suppression de cette aide est facteur de précarité et de contamination. Et au-delà du cas général il y a toujours des cas particuliers pour les potentiel.le.s bénéficiaires de l’AME  ».

Dans cette lettre, que Komitid a pu se procurer, Valérie Pécresse est claire sur sa position. Qualifiant la tarification solidaire pour les bénéficiaires de l’AME de « véritable prime à l’illégalité », elle considère « qu’une personne en situation irrégulière peut bénéficier, à titre humanitaire, de tickets gratuits délivrés par les centres d’aides sociales ». « Je considère également que, n’ayant pas vocation à rester sur le territoire, elle (personne en situation irrégulière, ndlr) n’a pas à bénéficier, à l’année, d’un abonnement dans les transports à un tarif réduit financé par les autres voyageurs, et les entreprises franciliennes », a-t-elle ajouté. Ne faisant effectivement aucune mention de la dimension sanitaire de la question dans sa missive de deux pages, la présidente de région persiste et signe : « C’est une décision que j’assume totalement ».

Diffama… quoi ?

De la part de Valérie Pécresse, cette potentielle plainte est fort étonnante. La campagne de l’association vise une affaire qui s’éternise depuis 2016 et pour laquelle la femme politique a déjà été rappelée à l’ordre par le tribunal administratif de Paris, le 25 janvier 2018 puis déboutée par la Cour administrative d’appel de Paris le 6 juillet dernier, mentionnant une « erreur de droit ». Refusant toujours de se soumettre à ces jugements pour tenir coûte que coûte sa promesse de campagne, arguant que le prix d’un retour en arrière serait trop lourd (elle estime le coût annuel à 43 millions d’euros), Valérie Pécresse va effectivement à l’encontre de la loi.

Le prochain Conseil d’administration d’IDF Mobilités aura lieu le 9 octobre. Emmanuelle Cosse (ancienne présidente d’Act Up-Paris, de 1999 à 2001), devrait y être présente, parmi les représentant.e.s du Conseil Régional d’Île de France. La suite promet d’être cocasse…