« Je n’avais aucune idée que ça existait chez les mecs » : mal informés et invisibles dans la prévention, les gays face au papillomavirus

Publié le

Très exposés aux HPV, les hommes gays et bis sont pourtant loin d'être les mieux informés. La faute à qui ? Éclairages sur « l'infection sexuelle la plus transmise au monde ».

Africa Studio / Shutterstock
Africa Studio / Shutterstock
Article Prémium

Cet été, Francis - dans une tribune publiée sur Komitid - a confié la colère qu'il éprouvait d'avoir contracté le papillomavirus (HPV). En colère contre le gouvernement, à qui il reproche de ne pas avoir fait de prévention, mais aussi contre le mec qui l'a viré de chez lui à 2 heures du matin quand il a senti « une sorte de bouton » au niveau de son anus. Ce jeune infirmier en bloc opératoire de 24 ans est tombé de haut lorsque sa proctologue l'a informé du diagnostic. Et d'encore plus haut quand il a compris qu'il aurait pu s'en protéger, ou du moins essayer. « Je n’avais jamais entendu parler de la vaccination, enfin seulement auprès de mes amies filles avec le Gardasil (le vaccin contre le papillomavirus, ndlr) », assure-t-il.

L'infection au HPV s'est manifestée chez Francis par l'apparition de condylomes, sorte de petites verrues. « Un bouton juste au niveau de ma marge anale. De ce que j’ai compris c’est un peu comme de l’herpès labial, mais les boutons poussent à un autre endroit… », explique-t-il. La suite des événements n'a pas été de tout repos : « Concrètement je me suis pris des piqûres dans l’anus avec un anesthésiant local et ensuite ils les ont brûlés avec un bistouri électrique ». Sauf que plus d'un mois après, et la douleur qui va avec, les condylomes ont persisté et Francis n'a plus eu d'autres choix que d'être opéré sous anesthésie générale pour tout faire enlever.

« Je suis vraiment en colère contre le gouvernement et leur politique de prévention »

Sa vie sexuelle en a pris un coup et le jeune homme a eu du mal à se projeter. « Depuis le premier geste chirurgical, cela fait trois mois que je n’ai pas pu avoir de rapport sexuel », nous confiait-il en juillet 2018. « Et malgré le fait de ne plus avoir de boutons, je me sens sale et pouvant contaminer des gens au HPV. Je n’ai pas eu l’occasion de dire à d’éventuels partenaires ce qu’il m’est arrivé cette année, mais je redoute ce moment. Je fais comment pour faire entendre ça à quelqu’un ? ». Le parisien ne peut s'empêcher de pointer la responsabilité des ministres de la Santé qui se sont succédé.e.s. « Un petit bouton ce n’est pas grand chose, ça s'en va facilement et je me sens bien suivi maintenant, mais je n’oublie pas que cela aurait pu évoluer en cancer. Je suis vraiment en colère contre le gouvernement et leur politique prévention, ils n’ont clairement pas fait leur job. »

« L’infection sexuelle la plus transmise au monde »

Quand on parle du HPV, cela renvoie à une famille composée de plus d'une centaine de virus. Chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les plus fréquents sont le 16 et le 18, très contagieux et transmis principalement sexuellement. « Un simple contact suffit, des caresses par exemple, sans forcément de pénétration car le virus est présent au niveau de la peau et peut persister sur les objets en raison de sa solidité. C’est l’infection sexuelle la plus transmise au monde », explique à Komitid la Dr Alix Portal, proctologue au Groupe Hospitalier Paris Saint Joseph. Et 80 % des personnes seraient infectées au cours de la première année des rapports sexuels.

Pour continuer la lecture de cet article :

Vous avez déjà un accès ?

Identifiez-vous

  • kerle

    Dommage que cet article ne soit pas en accès libre ! Peut-être que c’est par ce choix que l’effort de prévention et d’information aurait pu commencé.