« Mademoiselle de Joncquières », « Peppermint » et « Thunder Road » : notre critique ciné de la semaine

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Cette semaine, une demoiselle libertine, une femme en quête de vengeance et un policier perturbé sont les héros de notre sélection.

Mademoiselle de Joncquières
Cécile de France et Edouard Baer dans « Mademoiselle de Joncquières » - Pyramide Distribution

Mademoiselle de Joncquières

Réalisation : Emmanuel Mouret
Drame – France – 2018
Distribution : Cécile de France (Madame de La Pommeraye), Edouard Baer (le marquis Des Arcis), Natalia Dontcheva (Madame de Joncquières), Alice Isaaz (Mademoiselle de Joncquières), Laure Calamy (l’amie de Madame de La Pommeraye)

Le Marquis des Arcis, libertin notoire, fait une cour assidue à Madame de La Pommeraye, qui finit par lui céder. Après quelques années d’une relation sans nuages, elle découvre qu’il s’est lassé d’elle. Blessée, elle décide de se venger avec la complicité de Madame de Jonquières et de sa fille.

Note : 4/5

Depuis maintenant une vingtaine d’années, Emmanuel Mouret s’est fait le spécialiste des tracas amoureux. Toute sa filmo ne tourne qu’autour de ce thème, ô combien exploré. Une fois n’est pas coutume, pour son dixième long, il délaisse notre époque pour le XVIIIème siècle. Grand bien lui a fait ! Le marivaudage qu’il affectionne tant trouve ici son plus bel écrin. Des décors et des costumes dignes de musées, de magnifiques scènes picturales, et surtout des dialogues d’une grande préciosité. Toute la délicatesse du réalisateur s’exprime, comme si ce film l’attendait depuis toujours. Même classique (c’est adapté d’un passage de Jacques le fataliste de Diderot), cette vengeance sophistiquée à l’encontre d’un coureur de jupons est plutôt moderne, ne serait-ce que par son féminisme affirmé.

Encore une chose : à l’occasion de la sortie de Mademoiselle de Joncquières, Cécile de France a accordé une interview à Komitid dans laquelle elle revient sur les nombreux personnages de lesbiennes qu’elle a incarnés, ses choix de carrière et ses engagements en tant que citoyenne.

Peppermint

Réalisation : Pierre Morel
Action – Etats-Unis – 2018
Distribution : Jennifer Garner (Riley North), John Jr Gallagher (Carmichael), John Ortiz (Moises), Juan Pablo Raba (Diego Garcia) Annie Ilonzeh (l’Agent Lisa Inman )

Le mari et la fille de Riley North sont abattus sous ses yeux par des membres d’un cartel de drogue. Malgré son témoignage, les assassins sont acquittés à l’issue du procès. Elle va se charger de rendre justice.

On n’avait plus vu Jennifer Garner dans un rôle d’action pure depuis Alias (2001-2006), la série d’espionnage qui avait fait d’elle une star internationale. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a rien oublié de ses cours de close combat ! Elle est l’ange de la mort que l’affiche annonce.

Note : 4/5

S’il n’a rien d’original en soi, ce revenge movie est un modèle du genre. Le scénario tient la route, pas d’incohérences notables (si ce n’est, bien sûr, que l’héroïne dézingue des dizaines de gars entrainés sans être abattue…), et le suspens est constant. Pierre Morel, réalisateur français qui a connu de gros succès comme Banlieue 13 et Taken (rien que ça !), a encore une fois bien bossé. Il offre à l’inoubliable interprète de Sydney Bristow un joli comeback ultra musclé.

Thunder Road

Réalisation : Jim Cummings
Comédie dramatique – Etats-Unis- 2018
Distribution : Jim Cummings (Jim Arnaud), Nican Robinson (Nate Lewis), Kendal Farr (Crystal Arnaud), Jocelyn DeBoer (Rosalind Arnaud), Chelsea Edmundson (Morgan Arnaud), Macon Blair (Dustin Zahn), Ammie Leonards (Celia Lewis), Bill Wise (le capitaine)

Le policier Jim Arnaud rend hommage à sa mère pendant ses funérailles en chantant sa chanson préférée. Ce qui partait d’une bonne intention va avoir des répercussions inattendues sur sa vie.

L’inconnu Jim Cummings adapte son court-métrage du même nom, pour lequel il avait reçu le Grand Prix du Jury au Festival de Sundance 2016. Il suit un policier trentenaire qui fait face comme il peut au décès de sa mère, et en même temps à ses responsabilités de père séparé. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise façon de faire son deuil. Mais faire preuve d’émotivité peut être perçu par les autres comme de l’instabilité ou de la faiblesse. Pourtant solide et médaillé pour sa bravoure, Jim va enchainer les bévues et les malentendus. Seul son amour pour sa petite fille fera sens dans sa vie et le gardera de perdre pied.

Note : 4,5/5

Thunder Road est un film indé grand public, ni trop intello, ni trop sombre, parfois même teinté de burlesque et d’émotion. Cummings nous surprend par son jeu à la fois sobre et excessif, et aussi par la maîtrise de sa réalisation. Pour un premier saut dans le grand bain, c’est remarquable !

Egalement à l’affiche cette semaine :

Searching : portée disparue (réalisé par Aneesh Chaganty) : Lorsque l’adolescente Margot Kim disparait, son père se met à sa recherche, aidé par une inspectrice. Tout le film se déroule exclusivement sur l’écran d’ordinateurs ou de smartphones, un procédé de plus en plus en vogue. Les outils du monde digital d’aujourd’hui sont au service de cette enquête épineuse qui tient en haleine, et réserve une fin inattendue.

Première année (réalisé par Thomas Lilti) : Antoine et Benjamin font connaissance à la fac de médecine. ils s’entraident pour arriver à entrer dans la section qu’ils désirent. Un peu répétitif, mais inspirant pour tou.te.s les étudiant.e.s qui se retrouvent la tête dans le guidon pour réussir leurs cursus. Les autres trouveront peut-être tout ce jargon spécialisé assommant. Seule l’histoire d’amitié qui se profile sauve ce film d’une totale platitude.

Ma fille (réalisé par Naidra Ayadi) : N’ayant plus de nouvelles de sa fille ainée partie vivre à Paris, Hakim décide d’aller la voir, accompagné de sa fille cadette. Il va découvrir qu’elle n’a pas la vie qu’il croyait. C’est la première réalisation de l’actrice qui s’en sort très honorablement. Roschdy Zem est parfait en père simple et inquiet face à une vérité qu’il ne soupçonnait pas.