Jean-Marie Le Pen au tribunal pour des propos sur l'homosexualité, « cette particularité familiale »

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« Les homosexuels, c'est comme le sel dans la soupe : s'il n'y en a pas assez c'est un peu fade, s'il y en a trop c'est imbuvable » L'ancien président du FN comparaît cet après-midi pour «provocation à la haine et injure publique».

JM Le Pen - David Monniaux / Flickr

C’est à croire qu’il a une passion pour l’architecture des prétoires. Cet après-midi Jean-Marie Le Pen va pouvoir admirer le nouveau Palais de Justice de Paris réalisé par Renzo Piano. Il comparaît enfin pour « provocation à la haine et injure publique », suite à trois phrases extrêmement graves portant sur les personnes LGBT+. Cette convocation intervient après plusieurs tentatives du patriarche de se faire passer pour une personne ouverte d’esprit.

Vous souvenez-vous du « Journal de bord » de papa Le Pen ? Ces vidéos où il blablatait sur n’importe quel sujet qui lui grattait les neurones, sous le regard énamouré d’une militante ? En réaction aux accusations portées contre le cardinal Barbarin, l’ex-président du Front National avait fait un rapprochement éculé entre homosexualité et pédophilie en 2016.

« Les homosexuels, c’est comme le sel dans la soupe »

« L’abaissement des règles morales est une constante d’une société décadente, je crois que la pédophilie, qui a trouvé ses lettres de noblesse… interdites mais tout de même dans l’exaltation de l’homosexualité, met en cause toutes les professions qui approchent l’enfance et la jeunesse », avait-il geint.

En 2016, toujours, et dans les pages du Figaro, le patriarche avait commenté la représentation des homosexuels au sein du Front National (Florian Philippot, en gros), dans une métaphore filée peu ragoutante : «  les homosexuels, c’est comme le sel dans la soupe : s’il n’y en a pas assez c’est un peu fade, s’il y en a trop c’est imbuvable ».

Vers une évolution de l’interprétation du délit de provocation à la haine ?

En 2017, après l’assassinat de Xavier Jugelé, Jean-Marie Le Pen n’avait pas trouvé la cérémonie à son goût, et il avait encore une fois utilisé son « Journal de Bord » (diffusé via Youtube) pour s’étaler. OK pour commémorer le travail d’un policier, mais moyen OK pour mentionner son homosexualité. Il avait regretté le fait que l’on rende « plutôt hommage, qu’au policier, à l’homosexuel car la participation de son conjoint et le long discours qu’il a prononcé institutionnalisaient en quelque sorte le mariage homosexuel, l’exaltaient de façon publique […] Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l’écart de ce genre de cérémonie qui gagnerait elle-même à plus de discrétion. »

Pour rappel, le « mariage homosexuel » comme l’appelle à tort le monsieur, est institutionnalisé depuis quelques années… depuis que la loi autorisant le mariage pour tous et toutes a été inscrite au Journal Officiel, le 18 mai 2013.

« La liberté d’expression face à la dictature de la pensée »

Maître Etienne Deshoulières, avocat de l’association Mousse qui s’est portée partie civile, entend tirer de ce procès une jurisprudence et faire évoluer l’interprétation du délit de provocation à la haine.  «  Pour le moment, ce délit n’a lieu que lorsqu’il s’applique à autrui. Or, ce genre de propos incite les homosexuels à se haïr eux-mêmes, notamment les plus jeunes qui n’ont pas fait leur coming out », a-t-il expliqué au Figaro.

L’avocat de la défense plaide – et c’est loin d’être une surprise – « la liberté d’expression face à la dictature de la pensée ». Ce n’est pas qu’on ne peut plus rien dire, Monsieur Le Pen, c’est qu’on ne peut pas déblatérer n’importe quoi.

  • samuel53

    Espérons juste que la Justice joue un vrai rôle dans ce procès…