« Fantaisie marginale » quand Jean-Marie le Pen se dit non homophobe

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« À partir du moment où les homosexuels ne mettent pas leurs mains dans ma braguette ou dans celle de mes petits-enfants ». Le magazine gay Friendly a eu les faveurs du Président d'honneur du Front National, qui a déblatéré sur son homophobie passée, présente, future.

Jean-Marie Le Pen
Jean-Marie Le Pen - Mathias Destal via Flickr

Alerte : le niveau de pink washing atteint un niveau radioactif au FN ! Jean-Marie Le Pen attend une nouvelle date pour son jugement « pour injure et incitation à la haine à raison de l’orientation sexuelle ». Depuis quelques semaines, le (toujours) Président d’honneur du Front national multiplie les pseudos démarches d’acceptabilité envers ce qu’il considère être la communauté LGBT+. Pour amadouer la presse et les juges ? On pourrait le croire, mais le presque nonagénaire se prend les pieds dans le tapis.

Malaise

Première tentative désespérée de passer pour ouvert d’esprit : une petite soirée en amoureux chez Michou, le 3 février dernier. Avec photo souvenir tout en bridge et combo veste bleue avec pochette en soie, pour faire honneur au propriétaire des lieux ! Même son épouse Jany semblait gênée.

Depuis, Jean-Marie Le Pen a trouvé une nouvelle opportunité de s’illustrer, dans une interview fleuve publiée par le troisième numéro du bimestriel gay Friendly. Suivie par 176 personnes sur Twitter, cette publication revendique 15 000 abonné.e.s (qui sont-ils ? quels sont leurs réseaux ?).

Incrédules, nous assistons là à une longue et embarrassante justification : «  L’interview choc et gaie de Jean-Marie Le Pen » annonce donc la Une, dans un appel tonitruant. Nous ne sommes pas déçu.e.s. Non seulement l’ex-politicien ne parvient pas à balayer d’un revers de pogne son homophobie, mais il en rajoute une bonne couche.

« Fantaisie marginale »

Tout le long de l’interview, les propos sont aussi fleuris que provocateurs : il se rit de nous. Homophobe ? Le Pen dit «  Non, pas du tout. D’ailleurs, la plupart de mes collaborateurs sont homosexuels. Dans le fond, c’est leur problème personnel, c’est un élément de leur personnalité, c’est leur choix intime que je respecte. »

Une gêne ? « À partir du moment où les homosexuels ne mettent pas leurs mains dans ma braguette ou dans celle de mes petits-enfants, et qu’ils ne se promènent pas avec une plume dans le cul sur les Champs-Elysées, ça m’est égal.  »

« Les “homosexualistes” qui sont ceux qui transforment leur choix sexuel personnel en idéologie politique »

Un lobby ? Le droitier assure faire « bien la différence entre les homosexuels et les “homosexualistes” qui sont ceux qui transforment leur choix sexuel personnel en idéologie politique. »

Mariage pour tous ? Celui qu’on appelle le Menhir, et qui se dit « démographe de principe et d’opinion » ( de quoi s’agit-il ?) y est opposé. Il en profite même pour revenir sur sa marotte de la baisse de natalité européenne (blanche, donc) : «  Je m’inquiète de la faiblesse de la natalité sur le continent européen et en France, alors que l’explosion démographique du monde a fait passer la population de 3 milliards à 8 milliards d’habitants en 50 ans, donc s’il y avait une généralisation du phénomène, cela entraînerait la disparition de l’espèce ». Grand prince, il pondère son discours : «  tant que l’homosexualité reste une fantaisie marginale, ça ne me gêne pas du tout, ça fait partie de la diversité humaine. »

Quid des agressions homophobes ? Jean-Marie Le Pen saute sur l’occasion pour affirmer qu’elles « viennent généralement de la part des musulmans qui ont dans ce domaine un rigorisme plus marqué que d’autres religions ». Il conclut en se permettant une bancale commisération : « Je ne suis pas sûr qu’être gay soit toujours une source de bonheur. Au contraire, je pense que c’est souvent l’origine de souffrances diverses. Moi, je suis borgne par exemple, je fais avec ! »

Pédophilie, sel et discrétion

Histoire de se souvenir des raisons pour lesquelles Monsieur Le Pen a été traîné devant les tribunaux par l’association Mousse, petit rappel de ses sorties homophobes.

En mars 2016, dans son « Journal de bord » (qu’on lui a retiré), il avait avancé : « Je crois que la pédophilie, qui a trouvé ses lettres de noblesse… interdites, mais tout de même, dans l’exaltation de l’homosexualité, met en cause toutes les professions qui approchent l’enfance et la jeunesse ».

En décembre 2016, parlant des cadres du FN de sa fille, il avait estimé que «  les homosexuels, c’est comme le sel dans la soupe : s’il n’y en a pas assez c’est un peu fade, s’il y en a trop c’est imbuvable ».

Il a récidivé en avril 2017, s’octroyant le droit de critiquer l’hommage à Xavier Jugelé, policier du Flag ! assassiné par un terroriste sur les Champs-Elysées. Il regrettait alors que ce soit « plutôt [un] hommage à l’homosexuel qu’au policier », et avait ajouté que « cette particularité familiale doit être tenue à l’écart de ce genre de cérémonie, qui gagnerait d’ailleurs à plus de discrétion ».