L'auteur du « Petit guide du féminisme pour les hommes » accusé de plagiat

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Les éditions Textuel ont annoncé mardi 12 juin la suspension de la commercialisation de l'ouvrage de Jérémy Patinier à la suite de plusieurs signalements.

Le « Petit guide du féminisme pour les hommes », publié le 7 mars 2018 - Éditions Textuel
Le « Petit guide du féminisme pour les hommes », publié le 7 mars 2018 - Éditions Textuel

La présumée affaire a démarré mercredi 6 juin. Sur Twitter, une internaute a fait part de sa stupeur après avoir découvert sur un site internet le passage d’un article sur le sexisme ambivalent posté sur son blog en mars 2011. Elle a expliqué dans un tweet s’être aperçue que ce passage en question n’était en fait qu’une reprise d’un ouvrage : le Petit guide du féminisme pour les hommes, écrit par l’auteur et journaliste ouvertement gay Jérémy Patinier.

L’internaute en question, connue sous les pseudonymes Noémie Renard et Antisexisme, a très rapidement employé le terme de plagiat et a rapporté que plusieurs passages du bouquin auraient été « repompés ». « Mon petit billet de blog n’a rien d’exceptionnel : il est très court, je n’ai pas inventé le concept, il y avait un article sur le site de l’université de Liège bien plus complet, etc. Mais c’est juste NUL et c’est du PLAGIAT ! ! », a pesté l’internaute sur son compte Twitter.


Captures d’écran à l’appui, explications détaillées… Noémie Renard n’a pas manqué de continuer d’éplucher et de scruter le livre publié le 7 mars 2018 pour dénoncer ce qui s’apparente pour elle à une réelle entreprise de plagiat. Résultat : d’autres extraits venant de blogs féministes sur Internet qu’elle a retrouvé quasi mot-pour-mot dans ce guide destiné à enseigner aux hommes le féminisme et ce sans qu’ils soient sourcés correctement.


Face aux multiples signalements, Textuel, la maison d’édition qui s’occupe de la publication du livre de Jérémy Patinier, a indiqué sur Twitter mercredi 11 juin avoir « décidé de suspendre à titre conservatoire la commercialisation de l’ouvrage (…) après avoir reçu des alertes concernant des passages de l’ouvrage reproduisant des textes dont il n’est pas l’auteur sans citer ses sources. ». « Les éditions Textuel tiennent à présenter leurs excuses aux auteurs et aux éditeurs de ces contenus et donneront à cette affaire la suite juridique qu’elle exige », a poursuivi la maison d’édition.


Contacté, Arnaud Labory, en charge des relations presse de l’ouvrage, a confirmé que l’affaire est désormais entre les mains du service juridique. « Textuel est un éditeur réputé pour son sérieux qui publie des livres autour de la cause féministe et LGBT depuis des années. (…) Ce n’est pas une situation très agréable », a-t-il confié à Komitid.

 « J’ai certainement et visiblement commis des erreurs lors de mon processus de travail »

Jérémy Patinier, nous a donné son point de vue sur cette affaire : « depuis quelques jours, on évoque un plagiat à propos de l’ouvrage Petit guide du féminisme pour les hommes. Ce n’est pas une thèse sur le sujet ou un travail de création littéraire, c’est un guide qui rassemble ce qu’il faudrait changer pour accéder réellement à l’égalité femmes-hommes. Je suis journaliste et mon travail est en partie de récolter des informations. Le livre comprend donc plus de 100 références (notes de bas de pages, conseils de lectures) et j’ai travaillé pendant un an et demi à partir d’une liste d’écrits inquantifiable, d’émissions de radios et de documentaires également. J’y ai fait mon éducation sur le féminisme et, bien sûr, grâce aux femmes qui ont réalisé 99 % de ces travaux. J’ai certainement et visiblement commis des erreurs lors de mon processus de travail. Un manque de références, de reformulation pour certaines explications, de passages à mettre en citations.

« C’est à titre personnel une bonne leçon de rigueur et de respect du travail des personnes »

J’ai également été trop rapide dans la construction/vérification finale de ce travail, malgré le travail commun avec la maison d’édition (et malgré le logiciel de correction/vérification dont on m’a assuré la validation), avec qui j’ai échangé pendant 2 mois. Ces informations ne sont en rien des excuses valables pour ces erreurs. J’en répondrai si besoin devant la justice qui doit établir le droit ou les fautes le cas échéant. Tous les bénéfices de ce livre sont destinés à une association de soutien aux femmes victimes de violences conjugales, il n’y aura donc pas d’enrichissement personnel lié à cet ouvrage. C’est à titre personnel une bonne leçon de rigueur et de respect du travail des personnes ».