Festival d'Avignon 2018 : le genre en questions

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Du 6 au 24 juillet prochain, Avignon accueillera la 72e édition de son célèbre festival. Près de 60 spectacles sont programmés - 35 créations et 26 coproductions - dont un certain nombre tourneront autour des questions de genre, de la sexualité et de la transidentité, en France et dans le monde.

Festival d'Avignon
Cour d'honneur du Palais des Papes - (c) Christophe Raynaud De Lage / Festival d'Avignon

Avignon est à l’art vivant contemporain ce que Cannes est au cinéma, les rayons au soleil, les pétales aux marguerites et Helena Bonham Carter à Tim Burton. Incontournable. Inégalable. Indispensable. Depuis 72 ans, le Festival d’Avignon est un véritable laboratoire de la création, un immense espace de liberté d’expression, résolument populaire, ouvertement politique, furieusement engagé, au coeur des questions d’actualité et bien souvent, en avance sur son temps.

« L’art est ce qui précisément maintient ouvert les possibles quand tout semble impossible et que les puissances proclament cette impossibilité pour affermir leur pouvoir » assène ainsi Olivier Py sur la toute première page du programme.

L’homme vient d’être à nouveau nommé directeur, pour un second mandat de quatre ans, et entend bien continuer dans la même voix.e. Le ton, toujours sans concession, est donc une nouvelle fois donné. Et cette année, c’est le violet qui prédomine sur l’affiche créée par l’artiste que tout le mode s’arrache, Claire Tabouret… Une couleur symbolisant à la fois le féminisme, et le mélange du bleu et du rose – et donc, le mélange des genres.

« Nous avons l’espoir d’un changement de genre politique qui n’assigne plus notre devenir à la nécessité économique et aux dieux obscurs de la finance. Nous apprenons à désirer autre chose pour que les générations à venir conservent l’ivresse du possible. »

Cette année, 45 % des porteurs de projets seront des femmes (un record), 70 % des troupes s’y produiront pour la première fois, et l’on souligne également, non sans un certain plaisir, une forte participation d’artistes du monde arabe. La culture, comme un rempart contre l’obscurantisme ambiant…

Festival d'Avignon

Romance Inciertos, un autre Orlando – François Chaignaud et Nino Laisné – © Nino Laisné

Mélange des genres

Comme fil rouge de cette 72ème édition, plusieurs grandes thématiques : le genre, donc, mais également celle de la famille, de la désinformation, de l’exil et de la migration. Autant dire en adéquation parfaite avec l’actualité.

Pour ouvrir le Festival, la nouvelle garde sera en première ligne dans la cour d’honneur du Palais des Papes : le jeune Thomas Jolly mettra en scène Thyeste, de Sénèque – une histoire de fratrie, de vengeance, d’infanticide et de cannibalisme, connue pour ne pas faire dans la dentelle.

Histoire de prouver, s’il le fallait encore, que le Festival d’Avignon est aussi – et surtout – là pour interroger. Alors, plus que jamais au coeur des débats, la notion de transidentité, et le genre en tant que déterminant social et culturel dans le monde d’aujourd’hui, seront au coeur de ces deux semaines de représentations…

Notamment dans Mesdames, Messieurs et le reste du monde, feuilleton théâtral signé David Bobée, un jeune artiste insurgé contre les inégalités, qui cherche à « célébrer la beauté des diversités, dégenrer pour être libre ensemble ». Notons d’ailleurs que Bobée a convié l’auteure de Baise-Moi, Virginie Despentes, à collaborer à son intervention.

On parlera également de genre dans Saison sèche, la nouvelle création protéiforme de Phia Ménard, mêlant danse, arts plastiques, théâtre, cinéma, et dans laquelle elle souhaite « défier le pouvoir patriarcal, s’extraire de l’assignation des genres, en apportant de nouveaux gestes, de nouveaux rituels poétiques qui vont nourrir notre imaginaire. »

Dans Trans (Més Enllà), le catalan Didier Ruiz donne à entendre le témoignage de jeunes Barcelonais.e.s trans, comme « acte pour changer une société intolérante qui a oublié de parler d’amour ». Dans Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète, Gurshad Shaheman fait se croiser de jeunes exilé.e.s, dont certain.e.s ont dû fuir leur pays pour des raisons identitaires.

Enfin, Romances inciertos, à la fois concert et récital, raconte le destin de « trois identités incertaines » dans une étonnante épopée.

Alors, même si le festival a été réduit de deux jours, il promet plus de 800 heures d’intervention culturelle et artistique sous toutes ses formes. Avec une partie “In”, et une partie « Off », deux nouveaux lieux investis, 225 représentations et plus de 113 000 billets en pré-vente dès le 9 juin…

Festival d'Avignon

Affiche 2018 Festival d’Avignon

Retrouvez toute la programmation du festival sur son site officiel.