3 questions à « Chez Papa Papou » et « Demande à tes mères »

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Sur les réseaux sociaux, « Chez Papa Papou » et « Demande à tes mères » donnent de la visibilité aux familles homoparentales. Et montrent que la banalité de leur quotidien familial a un vrai sens politique.

Émile et Lionel des Papa Papou
Émil et Yo des Papa Papou - Papa Papou

Les familles homoparentales ne datent pas d’hier. À la faveur de l’ouverture des droits au mariage, elles gagnent enfin en légitimité. Chez Papa Papou, 2 949 abonné.e.s sur Twitter et 4 211 sur YouTube, Demande à tes mères, 2 933 abonné.e.s sur Twitter, 410 sur Instagram… Ces mamans et papas ont pris le parti de raconter leurs quotidiens de familles homoparentales avec confiance et amour, sans crainte des haters.

Qui êtes-vous ?

Stéphanie, Demande à tes mères : Avec Marie-Charlotte nous sommes en couple depuis neuf ans. Nous sommes toutes les deux architectes à Lyon. Cela faisait deux ans que nous réfléchissions à un projet parental. Il y a un an nous sommes allées à Barcelone pour la première fois… après quatre I.A.D. [Insémination avec donneur, ndlr] nous avons donné naissance à notre petite Alix, et prévoyons de nous marier en novembre.

Emil, Papa Papou : Je suis marié avec Yo, nous habitons à Reims et sommes papas d’un petit Arsène né il y a 16 mois par G.P.A. [Gestation pour autrui, ndlr] éthique, aux États-Unis en Oregon. Avant la naissance de notre fils, nous avions lancé les démarches d’adoption, en cours pour notre deuxième enfant.

Pourquoi avoir décidé de raconter votre quotidien sur les réseaux sociaux ?

Stéphanie : Depuis les débats sur le mariage pour tous et toutes, nous avons commencé à fréquenter des associations. On se rendait compte qu’il fallait préparer notre défense. Puis nous sommes allées sur des forums et nous avons obtenu beaucoup de réponses, d’aide. Chaque étape nous a semblé plus facile grâce à cela. Alors on s’est dit qu’il fallait montrer que c’était faisable, et puis apporter de belles choses, optimistes, pour une fois.

« Nous avions envie d’incarner cette parole positive »

Emil : Nous avons décidé de créer une chaîne YouTube car nous ne nous sentions pas représentés. Ou alors, lorsqu’il était question d’homoparentalité, il ne s’agissait que de querelles d’idéologues et de débats entre politiciens et politiciennes. Il n’y avait pas suffisamment d’échos des principaux et principales concernées, pas de récits quotidiens. Nous avions envie d’incarner cette parole positive, sans entrer dans les travers d’exposer notre fils. En montrant l’homoparentalité, nous la normalisons.

Et puis en donnant des informations, sur les études scientifiques par exemple, nous occupons un espace médiatique et luttons de fait contre la désinformation des groupuscules type Manif pour tous. Au-delà de leur répondre, ce qui finalement leur donnerait de l’importance, nous montrons nos vies normales. On est deux papas, et comme tout le monde, on fait comme on peut.

Quelles réactions avez-vous reçues ? 

Stéphanie : Des dizaines de couples nous ont jointes pour nous dire que ça leur avait donné espoir. Entre Twitter et Instagram pas mal de femmes sont venues nous demander de l’aide, des conseils, des adresses…  et puis se raconter au quotidien permet aussi d’anticiper les éventuelles difficultés que l’on pourrait avoir plus tard, avec la crèche, l’école.

Emil : Nous tâchons dans nos vidéos de nous adresser à tout le monde. Avec la rubrique « il était une fois », nous nous plaçons à hauteur d’enfant, nous simplifions, utilisons des images. Avec la rubrique « Babyphone », nous sommes dans une démarche FAQ [Foire aux questions, ndlr] : nous répondons à toutes les questions techniques sur le parcours G.P.A., mais aussi sur comment changer une couche, gérer l’entourage… nous avons de très bons retours de nos abonné.e.s !