Au Cambodge, des cérémonies publiques pour sensibiliser la société au mariage pour tous

Publié le

Organisée par Rainbow Community Kampuchea, la cérémonie publique permettait à des couples gays ou lesbiens de s'unir. Une occasion de faire changer le regard de la société cambodgienne sur les couples de même sexe.

Un couple de femmes signe la déclaration de lien familial - Rainbow Community Kampuchea-rock / Facebook
Un couple de femmes signe la déclaration de lien familial - Rainbow Community Kampuchea-rock / Facebook

Quelques jours après la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, des militant.e.s cambodgien.ne.s ont organisé cette semaine une cérémonie publique pour unir plusieurs couples de même sexe. C’est l’organisation LGBT+ Rainbow Community Kampuchea (RoCK) qui est à l’origine de cette initiative et qui souhaite grâce à cette visibilité sensibiliser la société cambodgienne.

Plusieurs couples ont signé une déclaration de lien familial, un document formel qui permet à deux personnes de partager la responsabilité du foyer. D’après les activistes de RoCK, une vingtaine de couples de même sexe ont signé ce contrat. Pour Raksmey Tuy, militante avec sa compagne Chey Leaphy Heng, cette reconnaissance est un premier pas nécessaire : « Je suis avec ma partenaire depuis quatre ans, et même si nos familles des deux côtés nous acceptent, nous ressentons le besoin d’une acceptation légale et d’une protection pour consolider notre relation amoureuse. »

La question du mariage pour tous fait son chemin dans la société cambodgienne. En 2004, le roi Norodom Sihanouk avait fait part de son soutien à l’ouverture du mariage à tous les couples. Toutefois, à ce jour, aucune loi n’est venue modifier la constitution qui établit que le mariage doit unir un homme et une femme.

Car les problèmes qu’engendre cette absence de reconnaissance sont très concrets, comme le détaille Ly Pisey, coordinatrice de RoCK : « Il y a des personnes LGBT qui vivent déjà des situations difficiles : quand l’un.e des partenaires tombe malade ou meurt, les membres de sa famille essaie de détruire la vie de l’autre. Il est impossible d’aller devant les tribunaux – alors on abandonne. Et on devient vulnérable à nouveau car on est brisé, on n’a nulle part où aller, on perd son emploi, et on ne peut pas réclamer ce que l’on possède ou être avec son enfant. »

Selon le South East Asia Globe, le gouvernement ne semble toutefois pas prompt à légiférer sur le sujet. Nuon Sidara, militant au Centre cambodgien pour les droits humains et coordinateur du Sexual Orientation and Gender Identity Project déplore un profond manque d’intérêt des politiques : « On dirait que ça ne les intéresse pas de nous reconnaître ou de faire passer des lois sur le mariage pour les couples de même sexe. Beaucoup de gens pensent encore que nous sommes une infection, une maladie – ou qu’on suit juste une mode. »