À Pékin, deux femmes agressées à la veille de la Journée internationale contre l'homophobie et la transphobie

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L'agression de deux jeunes femmes, interdites d'entrer dans un centre d'art où se tenait un rassemblement LGBT+, a soulevé une vague d'indignation dans la communauté de Pékin qui regrette, une nouvelle fois, la rigidité de la société à leur égard.

Le centre d'art 798
Le centre d'art 798 - drnan tu / Flickr

Dimanche 13 mai, deux femmes portant des badges rainbow flags ont été agressées par des agents de sécurité alors qu’elles assistaient à une manifestation communautaire à Pékin, dans le centre d’art 798 Art District.

Le but du petit rassemblement était de préparer la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, le 17 mai prochain. Rapidement, les employés de sécurité employés par le quartier avaient demandé à l’organisateur, surnommé Piaoquanjun, d’arrêter de distribuer des badges aux couleurs de l’arc-en-ciel, avant d’empêcher aux personnes portant ce signe distinctif d’entrer dans le centre.

« J’ai donné des badges rainbow pour que plus de gens nous voient, nous connaissent et nous comprennent. Nous ne sommes pas anormaux. », a exprimé l’organisateur dans le quotidien local Global Times. 

C’est à ce moment-là que les deux jeunes femmes ont été agressées, après avoir tenté d’entrer dans le centre puis s’être défendues face à six hommes. L’organisateur a confié au média qu’elles avaient dû être hospitalisées à la suite de cette attaque, les visages tuméfiés et suturés. La vidéo de l’agression, filmée par un passant et diffusée sur les réseaux sociaux, est relativement violente et a déclenché une importante indignation sur les réseaux chinois, avec le hashtag #798beating.

La Chine régulièrement épinglée par les organisations de défense des droits humains

Sur Weibo, une personne a publié un commentaire, rapporte le quotidien britannique The Guardian : « dans certains pays, les gens peuvent épouser ceux et celles qu’ils aiment. Nous ne sommes mêmes pas autorisés à entrer dans le 798 art district en portant des badges rainbow, et on est frappées ».

Interrogé par le quotidien chinois, un employé du centre d’art a défendu la décision des agents de sécurité, qui ont «  le droit d’arrêter les activités illégales » en ces termes haineux : «  porter un badge rainbow est illégal selon moi, et eux, les homosexuels, ont une orientation sexuelle tordue, c’est terrifiant. Dieu a créé les humains tels qu’ils sont. »

Pour rappel, bien qu’officiellement la Chine ne pénalise pas l’homosexualité, elle est régulièrement épinglée dans les rapports des organisations défendant les droits humains, que ce soit pour la pratique généralisée des thérapies de conversion ou la censure sur les réseaux sociaux. Autant d’éléments qui ont valu au pays, entre autres, d’être recalés pour la diffusion de l’Eurovision.