Pour en finir avec le traitement voyeuriste des personnes intersexes

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L'Association des journalistes LGBT et le Collectif intersexes et allié.e.s dévoilent aujourd'hui un guide destiné aux médias pour inciter à un meilleur traitement des questions intersexes.

intersexe Existrans 2017 - Julie Missbutterflies / Flickr
Existrans 2017 - Julie Missbutterflies / Flickr

Après avoir publié un chapitre sur la procréation médicalement assistée (PMA) début 2018, l’Association des journalistes LGBT (AJL) présente aujourd’hui un nouveau volet de son kit « Informer sans discriminer » consacré aux personnes intersexes.

Une couverture médiatique insuffisante

L’AJL a travaillé en collaboration avec le Collectif intersexes et allié.e.s pour réaliser ce texte qui vise à améliorer le traitement médiatique de l’intersexuation, qui laisse largement à désirer : « la couverture médiatique des questions intersexes demeure le plus souvent voyeuriste, exotisante et pathologisante, et ne permet pas aux personnes de pleinement s’exprimer. Au contraire, on constate de nombreuses contre-vérités relayées souvent par ignorance, voire par désintérêt pour le sujet. » À ce manque de rigueur, s’ajoute aussi un manque de représentations positives des personnes intersexes.

Un vocabulaire pathologisant

Le guide balaie plusieurs idées reçues et réflexes journalistiques, comme celui de systématiquement faire appel à l’expertise du corps médical, sans donner la parole aux premier.e.s concerné.e.s : « Le discours médical est trop souvent considéré comme scientifique, donc “objectif”, or il demeure idéologique dans le fait de continuer de concevoir l’intersexuation comme une “maladie”, un “dysfonctionnement” qui doit être réparé. »

Autre observation : l’utilisation récurrente de termes comme « ni homme, ni femme », « troisième sexe », ou encore « hermaphrodite », termes qui relèvent d’une approche «  erronée biologiquement », insiste le guide : « Les personnes ne présentent pas un double appareil génital fonctionnel, et leur identité de genre n’est de toute façon pas définie par leurs biologies. »

Opérations = mutilations

Le guide évoque aussi les opérations chirurgicales subies par une importante partie de la communauté intersexe. Des opérations souvent faites dès le plus jeune âge, dans le but de faire correspondre le corps de l’enfant à l’image d’un genre, et qui sont vivement dénoncées par les associations. En effet, elles s’apparentent à de véritables mutilations génitales qui ont des conséquences graves sur le bien-être et la santé des concerné.e.s : «  Les organisations expliquent que le caractère quasi-systématique des opérations visant à normaliser les caractéristiques sexuelles et les hormonothérapies maintient les personnes intersexes dans une forme de tabou social qui tente de dissimuler à la société l’existence d’un groupe de personnes, et donc évite d’avoir à le respecter comme tel. »

L’AJL et le CIA présenteront le guide ce samedi 19 mai 2018 à 11h dans les locaux d’Amnesty international France, dans le cadre de la toute première Rencontre nationale intersexe, organisée par le CIA à Paris.