Mariela Castro et Daniela Vega à la Pride de La Havane : une vitrine pour Cuba

Publié le

Cuba profite de la Pride pour montrer un visage toujours plus ouvert sur les questions des droits LGBT+ avec Mariela Castro en tête de proue. Un ravissement de cotillons qui cache une réalité encore bien tiède, niveau droits humains.

De jeunes manifestantes à la Pride de la Havanne - Michael K. Lavers ‏ / Twitter
De jeunes manifestantes à la Pride de la Havanne - Michael K. Lavers ‏ / Twitter

Samedi 12 mai, les rues du quartier de Vedado à La Havane ont rutilé de couleurs rainbow et se sont balancées au rythme d’une salsa queer à l’occasion de la onzième campagne annuelle contre l’homophobie. Menant la danse, l’avocate pour les droits des personnes LGBT+ Mariela Castro, fille du premier secrétaire du Parti, Raul Castro.

À l’occasion de la marche, elle a affirmé vouloir punir plus vigoureusement les actes LGBTphobes sur l’île. Elle avait annoncé il y a quelques jours son intention de présenter avant juillet prochain une loi autorisant le mariage pour tous les couples dans le cadre de la réforme constitutionnelle.


Sur le char, à ses côtés, la politicienne était accompagnée de l’actrice chilienne Daniela Vega (Une femme fantastique), première personne trans a avoir jamais présenté une catégorie aux Oscars. Deux ans et demi après la mort du leader communiste en costume adidas, l’île vend plus que jamais une image ouverte aux touristes occidentaux et aux droits des personnes LGBT+.

Pour rappel, le régime cubain a pendant de très longues années mené une politique extrêmement violente à l’encontre des personnes LGBT+, forcées pour beaucoup à fuir vers les États-Unis. Fidel Castro lui-même associait l’homosexualité à la décadence bourgeoise : « on ne pourra jamais nous faire croire qu’un homosexuel puisse représenter toutes les conditions et les codes de conduite, qui pourraient nous permettre de le considérer comme un vrai révolutionnaire, un vrai militant communiste. Cette déviance là va à l’encontre de ce qu’un militant communiste doit être ».

En 1965, des camps de travail forcés (UMAP) avaient été ouverts pour « réhabiliter » les opposants politiques, les hippies, les hommes gays. Une violence politique qui explique la profonde stigmatisation des personnes LGBT+ à Cuba.

« Si Mariela Castro veut vraiment aider Cuba, qu’elle se batte pour la liberté d’expression, le droit de vote et le bien être de tou.te.s les Cubain.e.s »

« Le gouvernement cubain continue de pratiquer la répression contre la contestation ou la critique publique », rapporte l’organisation Human Rights Watch dans son rapport annuel. Encore aujourd’hui, la liberté d’expression est fortement réprimée à Cuba.

Entre janvier et octobre 2017, plus de 4 537 arrestations arbitraires ont été enregistrées (défendeurs et défendeuses des droits humains, journalistes indépendant.e.s, opposant.e.s politiques, entre autres). Inutile de rappeler que les prisons sont saturées.

Le gouvernement a toujours la main sur tous les médias du pays et il est presque impossible pour les habitant.e.s de s’informer autrement. Très peu de journalistes indépendants parviennent à travailler sur l’île et à utiliser les réseaux sociaux pour leur métier.

« Bien que l’ouverture au mariage pour tous les couples soit capitale pour les personnes LGBT+ de l’île, les droits humains doivent venir en premier, a rappelé Heriberto Sosa, président de l’association Coalicion Unida, une association pour les droits LGBTQ cubains basée à Miami, si [Mariela Castro] veut vraiment aider Cuba, qu’elle se batte pour la liberté d’expression, le droit de vote et le bien être de tou.te.s les Cubain.e.s. »