Un 1er mai LGBTI et féministe : « Le sexisme et les LGBTphobies ne s'arrêtent pas au seuil de la manif »

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Komitid était dans le cortège féministe et LGBTI de la manifestation du 1er mai de Paris.

Tête du cortège LGBTI et féministe au 1er mai 2018 - Maëlle Le Corre
Tête du cortège LGBTI et féministe au 1er mai 2018 - Maëlle Le Corre

Elles et ils étaient quelques dizaines à la traditionnelle marche du 1er mai de Paris, pour marcher dans le cortège féministe et LGBTI, à l’appel de quelques associations et collectifs. Ce n’est pas la première fois qu’un pink bloc s’organise pour marcher au milieu des syndicats. Pourquoi mettre en valeur ces enjeux à l’occasion du défilé du 1er mai ? La réponse avec celles et ceux qui marchent.

Lisa est étudiante à Paris 8. Membre du Collectif Féministe révolutionnaire, c’est elle qui mène le cortège lorsque le défilé commence devant la banderole « Féministes et LGBTI avec les cheminot.e.s vers la grève générale » : « Eh-eh, ah-ah, à bas le patriarcat ! », scande-t-elle dans le mégaphone. Pour elle, défendre les enjeux féministes et LGBTI a toute sa raison d’être en ce 1er mai : « On entend représenter la part des travailleuses qui est souvent un peu oubliée, y compris dans la majorité des grands mouvements sociaux, alors qu’elles ont toujours été là, présentes, à l’avant garde des luttes, rappelle-t-elle auprès de Komitid. Cette année plus particulièrement, on est victimes de toute une série d’attaques, de réformes anti-sociales prévues par le gouvernement Macron, qui vont encore plus nous fragiliser, nous précariser, nous toucher de par notre position sociale, en tant que meuf et en tant que minorité de genre. »

Dernièrement, c’est la question de la sélection à l’université qui la préoccupe : « Ça va renforcer la sélection sociale qui existe déjà aux portes de nos universités, notamment en favorisant l’auto-censure chez les lycéennes bachelières. Les filières les moins féminisées sont aussi les plus prestigieuses. La condition directe sur le marché du travail, ce sera que les métiers les plus prestigieux socialement, les mieux rémunérés, continueront à demeurer inaccessibles pour nous. »

Delphine, 34 ans, est venue avec son bébé de un an pour « retrouver des amies qui font partie de ce cortège ». Inquiète du climat social ambiant, être présente au 1er mai lui semblait important… alors pourquoi ne pas le faire au sein d’un cortège féministe : « Je n’attends pas le 1er mai pour être féministe, mais ça fait aussi partie de ce qui compte pour moi, c’est un combat qu’on mène au quotidien, souligne-t-elle. Ma conscience féministe, elle s’aiguise d’année en année. Parce que j’ai un bébé, il y a plein de choses que la société me renvoie et auxquelles je n’ai pas envie de souscrire. Sur les problématiques LGBTQ, j’y suis aussi sensibilisée comme alliée, par toutes les discussions qu’on peut avoir avec mes ami.e.s. Pour moi, ce sont des choses qui ne sont jamais acquises, comme les droits des femmes en fait, et sur lesquels il faut rester vigilants. »

Elsa, 22 ans, marche sous les drapeaux de l’association féministe lesbienne, bie et trans FièrEs avec une dizaine de militantes. Elle est là pour « porter les combats que personne ne va porter » : « Nous, on va penser à la place des femmes dans la société aujourd’hui, et c’est important de porter ces combats notamment auprès des cheminots, des étudiants, des personnes précaires, sachant que les femmes sont deux fois plus précaires au sein des grèves et des mouvements sociaux. » Elle aussi estime que ce pink bloc a toute sa légitimité aujourd’hui : « C’est important pour nous d’avoir un cortège safe, pour qu’on se sente en sécurité, ensemble, qu’on ne se fasse pas agresser, encercler, par des personnes malveillantes. C’est partout pareil : le sexisme et les LGBTphobies ne s’arrêtent pas au seuil de la manif. Et encore plus dans une manifestation où il y a beaucoup de monde, où on peut être touchées, où on peut être insultées en toute impunité. Ici, on peut se protéger les unes les autres. »