Grindr accusée de partager le statut sérologique de ses utilisateurs avec des applications tierces

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Buzzfeed News révèle que l'appli de recontre gay partage le statut VIH de ses membres. Un scandale, alors que Grindr se pose souvent comme soutien de la communauté LGBT+.

L'appli Grindr - Vdovichenko Denis / Shutterstock.
L'appli Grindr - Vdovichenko Denis / Shutterstock.

C’est un scandale qui serait déconcertant s’il n’était pas si inquiétant. L’application de rencontre gay Grindr a partagé secrètement le statut sérologique VIH de ses 3,6 millions d’utilisateurs avec au moins deux autres entreprises. C’est Buzzfeed News qui a révélé l’affaire ce week-end.

Et oui. Pendant que l’entreprise se gargarisait la semaine passée d’envoyer des alertes pour rappeler à ses utilisateurs de se faire dépister, elle partageait les données les plus personnelles de ses utilisateurs avec au moins deux autres compagnies, Localytics et Apptimize. L’appli propose en effet aux internautes d’indiquer leur statut sérologique… et leur dernière date de dépistage.

« Je pense que ça tient à l’incompétence de certains développeurs. »

Un choix qui tiendrait plus de l’incompétence que de la malveillance, explique Antoine Pultier, un chercheur de l’ONG SINTEF à l’origine de la découverte, à Buzzfeed. « Le statut sérologique est lié à toutes les autres informations (GPS, email…, ndlr). C’est le problème principal », explique-t-il. « Je pense que ça tient à l’incompétence de certains développeurs. »


L’entreprise américaine a réagi en assurant qu’elle « ne vendait jamais des données personnelles à des applications tierces ».  Une explication alambiquée qui ne convainc pas. En plus du statut sérologique, Grindr envoyait également des informations sur la localisation, la sexualité et les origines de ses utilisateurs à des entreprises publicitaires.

Partage à risque

Cette information passe mal chez les associations. James Krellestein, un membre d’ACT UP New York explique à Queerty que l’opération « violait les principes de sécurité les plus élémentaires ». Pour Cooper Quintin, chercheur en sécurité de l’Electronic Frontier Foundation, le partage de ces données pose un risque pour les hommes qui utilisent l’appli, notamment dans des zones dangereuses :

« Si quelqu’un, armé d’intentions malicieuses, voulait s’emparer de ces informations, au lieu d’avoir un seul endroit -Grindr- pour le chercher, il existe désormais trois endroits où elles pourraient devenir publiques. »

L’association Aides, quant à elle, vient d’appeler au boycott de l’application, via le hashtag #DeleteGrindr.