Des sous-entendus homophobes au secours des suspects de l'affaire Skripal

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« Qu'avez-vous en commun pour passer autant de temps ensemble ? » a subtilement demandé la journaliste de la chaîne Russia Today à Ruslan Boshirov et Alexander Petrov.

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Ruslan Boshirov et Alexander Petrov lors de l'interview sur Russia Today - Capture / RT

Ils sont les principaux suspects dans l’affaire de l’empoisonnement de l’agent russe Sergueï Skripal et de sa fille en mars dernier. Ruslan Boshirov et Аlexander Petrov, ont été interviewés cette semaine par la chaîne de télévision Russia Today, média d’État russe. Tous deux nient être impliqués dans la tentative de meurtre, il nient aussi être des officiers du service russe de renseignement militaire, le GRU, et se présentent comme de simples touristes venus visiter Salisbury et sa fameuse cathédrale au printemps dernier. L’interview est particulièrement étrange, dans la forme comme dans le fond. Un « mauvais sketch », titre Libération.

« Qu’avez-vous en commun pour passer autant de tant ensemble ? »

Après avoir longuement cuisiné les deux hommes au sujet de la bouteille de parfum pour femme qui a servi à transporter le gaz neurotoxique qui a empoisonné Skripal, la journaliste et rédactrice en chef Margarita Simonyan, qui mène l’échange, les a questionné sur leur proximité : « Et d’ailleurs, vous qui êtes hétéros, toutes les images vous montrent ensemble. Vous passez votre temps ensemble, vous restez ensemble, vous vous promenez ensemble. Qu’avez-vous en commun pour passer autant de tant ensemble ? » C’est Boshirov qui lui a répondu : « Ne franchissons pas les limites de la vie privée. Nous sommes venus à vous pour une protection, mais cela tourne à une sorte d’interrogatoire. Vous allez trop loin. ».

Des sous-entendus loin d’être hasardeux

La question de la journaliste russe n’est pas anodine, comme l’analyse The New York Times : « La possibilité que Petrov et Boshirov pourraient être gays, aux yeux du public russe, écarterait immédiatement la possibilité qu’ils soient des agents du renseignement militaire. » La subtile question de Margarita Simonyan aurait donc un but : instiller la suspicion autour de l’homosexualité des deux hommes afin de faire croire qu’ils ne sont en rien des agents secrets et donc en rien mêlés à l’empoisonnement de Skripal. Elle s’ajoute à d’autres éléments de l’interrogatoire, comme l’insistance autour du fait que les deux suspects ont dormi dans le même lit à l’hôtel.

Par ailleurs, un tweet de Simonyan a considérablement entretenu la rumeur : « Je ne sais pas s’ils sont gays ou non. Ce sont des types à la mode, à ma connaissance, avec des barbes et des coupes de cheveux bien taillées, des pantalons serrés, des muscles gonflés sous leurs t-shirts. Ils n’ont pas essayé de me draguer, mais j’ai passé l’âge. »