Le mouvement catholique intégriste Civitas dissout par le gouvernement

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Le couperet est tombé pour Civitas, dissout en Conseil des ministres mercredi 4 octobre, au terme d'une procédure engagée à l'été contre ce mouvement catholique intégriste et LGBTphobe.

Image d'une manifestation de Civitas dans les années 2010
Image d'une manifestation de Civitas dans les années 2010 - Capture d'écran Youtube

Le couperet est tombé pour Civitas, dissout en Conseil des ministres mercredi 4 octobre, au terme d’une procédure engagée à l’été contre ce mouvement catholique intégriste, et dont l’idéologie proche de l’extrême droite flirte parfois avec la théorie du complot.

« Les valeurs portées par ce mouvement n’ont pas leur place dans notre République », a affirmé sur X (ex-Twitter) le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, postant le décret à l’appui, après avoir initié la dissolution début août.

Le mouvement, très présent sur les réseaux sociaux, est notamment accusé d’appeler à « entrer en guerre contre la République », y compris en recourant « à la force », a de son côté souligné le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

« Civitas considère les droits de l’Homme comme des outils de destruction de la civilisation chrétienne, Civitas a organisé des rassemblements en hommage à des personnalités emblématiques de la collaboration, Civitas assure la promotion d’une hiérarchie entre les citoyens français avec des thèses clairement antisémites et islamophobes », a énuméré le porte-parole du gouvernement lors de son compte-rendu du Conseil des ministres.

Il a également critiqué sa vision des LGBT+ comme « une communauté néfaste ».

Le président de Civitas, Alain Escada, a aussitôt répliqué sur les réseaux sociaux que des recours « seront bien entendu rapidement déposés » et affirmé que « le combat continue ».

Mardi sur Radio Courtoisie, il avait évoqué des actions « en suspension, sur le fond, question de priorité constitutionnelle », en insistant : «  Civitas est un parti politique catholique » et bénéficie du statut de parti depuis 2016.

Le lancement de la procédure par Gérald Darmanin, en août, suivait de peu l’annonce de la dissolution du collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre (suspendue depuis en référé par le Conseil d’Etat).

Civitas a depuis fortement contesté sa mise à l’index, vilipendant en septembre dans une vidéo le « rouleau compresseur de la répression gauchiste » et une nouvelle illustration de la «  Terreur française ».

“Satanisme”

L’annonce de la dissolution a en revanche été saluée mercredi par plusieurs associations (SOS homophobie, la Licra, Progressistes LGBT+…).

Fondé en 1999, l’« Institut Civitas » s’inscrit alors dans une lignée traditionaliste, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (fondée par l’évêque français Marcel Lefebvre).

Le mouvement sort de l’ombre en 2011 avec des actions spectaculaires contre plusieurs manifestations culturelles, notamment la pièce Golgotha Picnic de Rodrigo Garcia, qu’il juge «  christianophobe ». Plusieurs milliers de personnes descendent dans la rue en novembre.

Fer de lance des premières manifestations contre le mariage pour tous en 2012, Civitas avait fait reparler de lui à l’occasion de la pandémie de Covid-19, se mobilisant contre le passe sanitaire. M. Escada avait alors dénoncé « une mascarade dont l’objectif réel est de mettre en place l’ensemble des rouages d’une tyrannie mondialiste ».

Mais c’est l’antisémitisme qui a marqué son dernier fait d’armes, entraînant le lancement de la procédure de dissolution, lors des universités d’été de Civitas consacrées au « satanisme du nouvel ordre mondial ».

L’essayiste controversé Pierre Hillard avait alors suggéré de revenir à « la situation d’avant 1789 » lorsqu’un Juif « ne pouvait pas devenir Français ». « Une boutade » diffusée « hors contexte » par des adversaires de La France insoumise, a tenté mardi de justifier Alain Escada, en regrettant un « déchaînement médiatique ».

La branche belge de l’organisation a elle été en pointe en septembre de la fronde contre un cours d’éducation à la sexualité à l’école, qui s’est traduite par plusieurs manifestations. La justice belge a ouvert une enquête pour « incendies criminels », après des départs de feu constatés dans quatre écoles prises pour cibles par des opposants à ces cours.