Réfugiés : la ministre de l'Intérieur britannique s'en prend à la Convention de Genève

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La ministre de l'Intérieur britannique Suella Braverman va s'en prendre à la Convention de Genève sur les réfugiés dans un discours mardi à Washington, suggérant que celle-ci n'est pas « adaptée à notre époque moderne ».

convention de genève sur les réfugiés
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La ministre de l’Intérieur britannique Suella Braverman va s’en prendre à la Convention de Genève sur les réfugiés dans un discours mardi à Washington, suggérant que celle-ci n’est pas « adaptée à notre époque moderne », selon des extraits publiés dans la presse.

Le gouvernement britannique a érigé la lutte contre l’immigration illégale en priorité. A un an des élections législatives où les travaillistes sont donnés favoris, le discours du gouvernement ne cesse de se durcir contre les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni.

Devant l’American Enterprise Institute, un centre de réflexion de centre-droit, Suella Braverman, très à droite, va questionner le rôle de la Convention de Genève, qui date de 1951 et définit le statut de réfugié.

C’est « une réalisation incroyable pour son époque », « mais nous vivons désormais dans une époque totalement différente », indique le texte de son discours.

La Convention de Genève « confère à au moins 780 millions de personnes le droit théorique de s’installer dans un autre pays », est-il ajouté.

Il revient aux dirigeants politiques « de se demander si la Convention sur les réfugiés et la manière dont elle a été interprétée par nos tribunaux sont adaptées à notre époque moderne. Ou si elle a besoin d’être réformée ».

« Nous ne pourrons pas maintenir un système d’asile si le simple fait d’être un homosexuel ou une femme, et de craindre la discrimination dans son pays d’origine suffit pour bénéficier d’une protection », doit également indiquer la ministre dans son discours.

Elle estime que la situation actuelle, « absurde et intenable », permet aux migrants de « choisir leur destination préférée pour demander l’asile ».

« Aucune personne entrant au Royaume-Uni par bateau depuis la France ne fuit un péril imminent », poursuit le texte du discours.

Yvette Cooper, dans l’opposition travailliste, a accusé Mme Braverman d’avoir « renoncé à réparer le chaos causé par les conservateurs » sur le droit d’asile et de chercher, avec la Convention de Genève, « quelqu’un d’autre à blâmer ».

Pour l’organisation Refugee Council, le gouvernement britannique devrait « s’attaquer aux vrais problèmes rencontrés par le système d’asile et fournir des itinéraires sûrs aux personnes ayant besoin de protection » plutôt que de s’en prendre à la Convention de Genève.

Le gouvernement britannique a promis d’arrêter les bateaux de migrants traversant la Manche depuis la France. Mais en 2023, environ 24 000 migrants ont déjà fait cette traversée.

La loi interdit désormais aux migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni de demander l’asile, et prévoit de les expulser vers des pays tiers comme le Rwanda, un projet bloqué en l’état par la justice.

Lors de sa visite à Washington, sur le thème de l’immigration clandestine, Suella Braverman doit rencontrer le ministre américain de la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas et le ministre de la Justice Merrick Garland.