Gérald Darmanin veut dissoudre le mouvement catholique intégriste Civitas, un des fers de lance des anti-égalité des droits

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Gérald Darmanin a annoncé le 7 août avoir engagé le processus de « dissolution de Civitas », en condamnant « l'antisémitisme » des propos tenus par un invité lors de l'université d'été du mouvement catholique intégriste en juillet en Mayenne.

Image d'une manifestation de Civitas dans les années 2010
Image d'une manifestation de Civitas dans les années 2010 - Capture d'écran Youtube

Gérald Darmanin a annoncé le 7 août avoir engagé le processus de « dissolution de Civitas », en condamnant « l’antisémitisme » des propos tenus par un invité lors de l’université d’été du mouvement catholique intégriste en juillet en Mayenne.

« Je condamne fermement ces propos ignominieux et saisis le procureur de la République », a publié le ministre de l’Intérieur sur X (anciennement Twitter), lundi.

Selon une source proche du dossier à l’AFP, les services du ministère de l’Intérieur s’intéressent déjà, depuis plusieurs mois, à l’Institut Civitas, et rassemblent des informations sur ses actions controversées dont plusieurs font l’objet de plaintes.

Les propos visés ont été révélés par la publication d’une courte vidéo samedi sur X. Au cours de l’une des conférences de “l’Université d’été du Pays réel” qui s’est tenue en Mayenne du 29 au 31 juillet, l’essayiste réputé complotiste Pierre Hillard a déclaré : « la naturalisation de Juifs en 1791 ouvre la porte à l”immigration ».

« Avant 1789, un Juif, un musulman, un bouddhiste ne pouvaient pas devenir Français. Pourquoi ? Parce que c’étaient des hérétiques », a poursuivi l’auteur proche de Civitas, avant d’estimer qu’il « faudrait peut-être retrouver la situation d’avant 1789 ».

Enquête et plaintes

Ces propos ont été vivement condamnés par plusieurs personnalités politiques dont des élus de La France insoumise (LFI) et de Renaissance, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et la Licra, notamment.

Dans un message posté sur X avant celui du ministre de l’Intérieur, Jean-Luc Mélenchon avait lancé un appel à M. Darmanin, car « l’antisémitisme doit être puni sans faiblesse ». Mathilde Panot, présidente des députés LFI, a, elle, annoncé saisir « la procureure de la République ».

Après l’annonce de M. Darmanin, fait inhabituel, Jean-Luc Mélenchon a décerné un satisfecit au ministre : « Darmanin donne une réponse claire à l’interpellation des insoumis et de la Licra. L’antisémitisme va être puni. Civitas sera dissout et le procureur de la République est saisi des propos de Pierre Hillard », a-t-il écrit sur X, en republiant le message du ministre.

L’UEJF a apporté également « son soutien à la démarche de dissolution initiée » par Gérald Darmanin, dans un post sur X, reprochant à Civitas d’enchaîner « les discours haineux ».

Sollicité par l’AFP sur la procédure de dissolution lancée par M. Darmanin, le président de Civitas, Alain Escada, n’avait pas donné de réponse lundi soir.

L’institut Civitas, proche des milieux catholiques intégristes et de la Fraternité Saint-Pie X et très actif lors des manifestations contre le mariage pour tous, avait été reconnu en 2016 comme éligible au financement des partis politiques.

Il avait proposé des candidats dans 14 circonscriptions aux législatives de 2017, dont l’ancien conseiller régional du Front national Alexandre Gabriac, qui avait été suspendu en 2011 après la révélation d’une photo où il effectuait un salut nazi devant un drapeau hitlérien.

Civitas a organisé récemment plusieurs actions controversées.

En mai dernier, plusieurs dizaines de manifestants proches de l’organisation avaient empêché la tenue d’un concert dans une église de Carnac (Morbihan) et le parquet de Lorient avait ouvert une enquête pour violence volontaire et entrave à la liberté d’expression.

En avril dernier, les associations Stop Homophobie et Mousse avaient aussi déposé plainte contre Civitas pour discrimination en raison de l’identité de genre, après l’annulation d’un concert du chanteur Bilal Hassani dans une ancienne église de Metz.

En février, Alain Escada avait également appelé les sympathisants du mouvement à se réunir à Saint-Brévin (Loire-Atlantique) pour manifester contre le projet de centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada).