Melissa McCarthy, Kevin Bacon, Charlize Theron... : aux États-Unis les stars font front pour défendre les drag queens

Publié le

À mesure que les États-Unis adoptent de nouvelles lois anti-drag, de nombreuses stars américaines prennent la parole, résistent, et alertent sur le climat LGBTphobe ambiant.

Photo du Téléthon « Drag Isn't Dangerous » - Jacob Ritts
Photo du Téléthon « Drag Isn't Dangerous » - Jacob Ritts

Alors qu’aux États-Unis les drag queens sont les cibles d’attaques de l’extrême-droite et d’adoption de lois limitant leur liberté d’artistes, des stars américaines prennent peu à peu position.

La première, celle sur la ligne de front depuis le début, c’est Melissa McCarthy. L’actrice nommée aux Oscars (pour Les Faussaires de Manhattan) et connue pour ses rôles comiques dans Bridesmaids ou encore Spy ne perd pas une occasion de soutenir le milieu du drag.

Hollywood sort les griffes

Un métier qu’elle connait bien puisqu’elle y a fait ses armes en tant que performeuse avant de se lancer dans le cinéma. « C’était un sentiment tellement agréable, et ça m’a donné une telle confiance », confiait-elle au magazine Rolling Stone en 2014. Alors, quand ses anciennes collègues sont la cible d’attaques, Melissa McCarthy hausse le ton. Sur son compte Instagram, en mars dernier, elle partage un photomontage réunissant des images de films tels que Tootsie, Certains l’aiment chaud et Madame Doubtfire avec la phrase suivante : « Vous avez été divertis par le drag toute votre vie. Ne prétendez que c’est un problème maintenant ».

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Melissa McCarthy (@melissamccarthy)

Actuellement en pleine promotion du remake en prises de vue réelle de La Petite Sirène, dans lequel elle campe le rôle de la méchante Ursula, l’actrice est intarissable lorsqu’elle évoque l’inspiration que le drag a été pour la construction du rôle : « J’ai regardé le film original de 1989 plus que n’importe quel autre film quand j’étais nounou, et je savais déjà qu’Ursula était très certainement basée sur Divine. Le maquillage, les cheveux, l’apparence, l’attitude, c’était une évidence pour moi. Et maintenant on sait que c’est le cas, Ursula est inspirée de Divine », faisant ainsi référence à la légendaire drag queen trash héroïne de la plupart des films de John Waters. Elle continue : «  J’espère juste avoir rendu toutes les magnifiques drag queens et Divine fières ».

Fin avril, c’est le comédien Kevin Bacon qui prend position sur ses réseaux sociaux. «  En ce moment les artistes drag et la communauté LGBTQIA+ a besoin de notre aide », écrit-il dans un tweet, accompagné d’une vidéo de danse et du hashtag #DragIsARight.

En février, lors des Oscars, les victorieux réalisateurs d’Everything Everywhere All At Once Daniel Kwan et Daniel Scheinert prenaient eux aussi la parole pour rappeler que « le drag n’est une menace pour personne ».

En mai, la chanteuse lesbienne Hayley Kiyoko a été confrontée à une situation inédite. En tournée depuis quelques mois, la jeune femme traverse le pays avec une troupe de danseurs et danseuses qui performent pendant ses concerts, dont deux drag queens. Dans une vidéo Instagram, apparaissant les larmes aux yeux, elle révèle avoir été menacée de poursuites judiciaires à l’approche de son concert à Nashville dans le Tennessee. Ce dernier a en effet récemment fait passer une loi interdisant les représentations drag dans les lieux tous publics.

Dans la vidéo, elle révèle qu’un policier a assisté à sa séance de vérification de son, lui rappelant que son concert étant ouvert à tous les âges, elle avait interdiction de laisser des drag queens apparaître sur scène. « Je ne veux jamais mettre qui que ce soit dans une position à risque ou en danger, de quelque manière que ce soit. Mais où est la ligne d’être réduit au silence ? Comment naviguons-nous dans ces menaces et ces lois absurdes contre notre communauté ? Comment puis-je faire cela si nous ne sommes pas autorisés à être nous-mêmes, surtout lors d’un concert à prédominance queer ? », déclare t-elle.

Finalement, les deux queens sont bien montés sur scène, prévenues des risques mais faisant fi de toute intimidation. « Elles n’ont montré aucune peur et ont dit qu’elles voulaient continuer le spectacle et monter sur scène. Nous ne serons pas réduits au silence. Nous trouverons des moyens de continuer à être nous-mêmes authentiques, quoi qu’il arrive. Nous n’abandonnerons pas », écrit la chanteuse sur Instagram.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par hayley kiyoko (@hayleykiyoko)

 

Les drag queens ne sont pas en reste

Parmi les drag queens qui se mobilisent, c’est leur reine mère, RuPaul, qui s’est exprimée la première : « C’est une technique classique de distraction. Pour nous éloigner des vrais problèmes pour lesquels ils ont été élus et sur lesquels ils devaient se concentrer : l’emploi, la santé, la protection des enfants du danger dans leurs propres écoles », déclare en mars la créatrice de « Drag Race » dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.

Une déclaration partagée massivement et à laquelle les drag queens les plus connues de son émission n’ont pas tardé à souscrire. Alaska, gagnante iconique de « Ru Paul’s Drag Race », a ainsi déclaré à Pink News le 10 mai dernier n’avoir «  jamais pensé qu’on pourrait en arriver là » : « D’autant plus que nous sommes dans un pays qui a des problèmes bien plus importants. Si vous demandez à l’Américain moyen ce qui l’inquiète du chemin que prend ce pays, je ne pense même pas que le drag fasse partie du top 10 ».

Selon l’association Glaad, il y a eu plus de 160 manifestations et menaces anti-LGBTQ+ ciblant des événements drag depuis le début de 2022. De leur côté, les républicains font tout pour s’en prendre aux droits des personnes. Fin février, les élus du Tennessee ont voté un texte très controversé, qui limitera largement les représentations de drag queens dans les lieux publics ou devant des enfants.

Programmée en tête d’affiche d’un spectacle drag dans une université de l’Oklahoma, la drag queen Yvie Oddly s’est attirée les foudres des républicains avant même d’avoir pu performer. L’un des législateurs de l’État, JJ Humphrey, a appelé au licenciement du président de l’Université, évoquant une « promotion d’un agenda woke et pervers ».

L’artiste a donc décidé de prendre la parole sur les réseaux sociaux :« Mon existence même est un problème brûlant en ce moment. Parce qu’il y a des gens qui ont vraiment peur de comment je m’habille, de qui j’aime et de quelles salles de bains j’utilise. Mais surtout parce que les politiciens voient cette peur sociale comme un moyen facile d’énerver leurs électeurs et de gagner un autre mandat. Ils préfèrent contrôler les personnes qu’ils ne comprennent pas au lieu de se concentrer sur les problèmes difficiles et potentiellement mortels qu’ils n’ont pas été en mesure de résoudre ».

 

Le week-end du 8 mai dernier était organisé un téléthon en direct pour soutenir le milieu du drag et récolter des fonds. Nommé Drag Isn’t Dangerous, de nombreuses stars américaines ont fait le déplacement pour soutenir l’évènement. De Melissa McCarthy bien sûr, à Charlize Theron et Elizabeth Banks, en passant par Michelle Visage, Idina Menzel et Billy Eichner, beaucoup ont répondu présent.

Après que différentes drag queens ont livré leurs récits de vie afin de sensibiliser le public aux problématiques LGBTQ+, quelques stars sont venues sur scène pour réaffirmer leur support à la communauté. Charlize Theron, actrice oscarisée et mère d’une jeune fille trans, a ainsi déclaré avec humour qu’elle « monterait en l’air quiconque s’attaquerait » aux drag queens. Sarah Silverman, comédienne et humoriste américaine, a quant à elle avoué qu’elle «  a bien plus confiance en RuPaul qu’en n’importe quel républicain rageux », promettant que s’ils « veulent s’en prendre aux drag queens, il faudra d’abord me passer sur le corps ». Au terme de cette soirée, les organisateurs de l’évènement ont révélé avoir réuni plus de 500 000 dollars pour combattre la législation anti-drag.