[Archives] Un an après son adoption, Erwann Binet, le rapporteur de la loi sur le mariage pour tous·tes, évoquait cette période

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Il y a 9 ans Erwann Binet, rapporteur de la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe, confiait à Yagg ses fiertés et ses futurs combats.

Parmi les personnalités politiques qui ont marqué le combat pour l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe, entre les incontournables Christiane Taubira et Dominique Bertinotti, le rôle d’Erwann Binet reste moins connu.

Pourtant, ce catholique pratiquant, âgé d’à peine 40 ans à l’époque et député de l’Isère, a été pour le moins exemplaire pendant toute la durée des débats. Choisi pour être le rapporteur de la loi à l’Assemblée, il mène d’une main à la fois ferme et attentive les discussions des député·es pendant plus d’une quinzaine de jours, loin de sa circonscription et de ses proches. Des débats houleux, qui s’achèvent dans un climat selon lui «  mauvais et malsain » : «  Les dernières heures de débats à l’Assemblée avait été d’une extrême tension, et de violence même, puisqu’il y avait eu des tentatives de bagarres et de bousculades dans l’hémicycle. C’était du jamais vu ! », se souvient-il un an après l’adoption de la loi, devant la caméra de Yagg. Des conditions « affligeantes et consternantes » qui ont laissé un goût amer au député, qui avoue avoir été lui-même surpris de ne pas avoir « éprouvé de satisfaction ou de joie » au terme de ce combat.

Une amertume qui s’est effacée lors du premier mariage officiel entre deux hommes, auquel il était invité : «  J’ai senti un peu de fierté et une grande joie lors de la célébration, j’étais vraiment très heureux au moment de l’échange des consentements », explique t-il à Yagg.

La PMA, le point noir du gouvernement

Dans cette même interview, Erwann Binet revenait sur la débacle de la PMA, promise par le gouvernement Hollande aux couples de femmes puis totalement abandonné. Une décision vécue comme une trahison par la communauté LGBTQ+, qui attendait avec impatience et espoir cette avancée qui lui semblait assurée. À ce sujet, Erwann Binet, il y a neuf ans, campait déjà sur des positions contraires à celles du gouvernement : « Les choses sont très claires. Moi j’ai toujours fait partie de ceux qui pensent qu’il faut ouvrir la PMA aux couples de femmes, mais qu’il faut aussi réformer de manière générale l’environnement juridique de la PMA, qui n’est absolument pas adapté », affirme t-il, conscient de la sensibilité particulière avec laquelle le débat est abordé et reçu en France, comparé à d’autres pays. Depuis, la PMA a bien été ouverte aux couples de femmes et aux femmes célibataires, mais la loi exclut pour autant les hommes trans.

À propos du combat des personnes trans, Erwann Binet ne reculait pas non plus à l’époque, souhaitant à tout prix faciliter le changement d’état civil : « Il y a d’autres sujets importants sur lesquels nous travaillons, comme le changement d’état civil des personnes trans, qui est un vrai problème qui ne fait pas aujourd’hui l’objet d’une seule disposition législative ». Aujourd’hui, pour adapter leur état civil à leur identité de genre, les personnes trans n’ont plus à subir de stérilisation forcée ni à passer devant un tribunal, étape perçue comme humiliante par les personnes concernées.

Ainsi, quand bien même sa carrière n’a peut-être pas pris l’ampleur à laquelle on s’attendait, Erwann Binet reste et restera l’un des visages alliés de l’avancée des droits des personnes LGBTQ+ en France.

Pour regarder son interview en intégralité, réalisée un an après le passage de la loi du mariage pour tous·tes, c’est juste en dessous !