Découvrez la scène émergente de l'art contemporain avec « 100% L'EXPO » à la Villette

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« 100% L'EXPO » investit la Grande Halle et le parc de la Villette du 6 au 23 avril. Cette vitrine de la scène émergente de l'art contemporain à travers la jeune création est passionnante. Visite avec la commissaire de « 100% L'EXPO », Inès Geoffroy.

« 100% L'EXPO », à la Grande Halle de la Villette, du 6 au 23 avril 2023
« 100% L'EXPO », à la Grande Halle de la Villette, du 6 au 23 avril 2023 - Christophe Martet pour Komitid
Oubliez pour un temps Ramsès et les pharaons ! La belle nouveauté à la Grande Halle de la Villette, c’est « 100 % L’EXPO », avec des jeunes créateur·rices issu·es de nombreuses écoles d’art en France.
Du 6 au 23 avril, venez découvrir leurs créations dans cet immense espace, plongé dans une semi obscurité et où les œuvres, dans tous les formats, du plus intime au plus spectaculaire, offre un bel aperçu de la scène artistique émergente.
Vue d'une partie de « 100% L'EXPO » à la Villette

Vue d’une partie de « 100 % L’EXPO » à la Villette – Christophe Martet pour Komitid

 

Mais « 100 % L’EXPO », ce ne sont pas que des œuvres d’art contemporain. Sur trois week-ends, l’équipe de La Villette invite aussi des performances, des rencontres, des projections. Tout un programme à découvrir pour se faire une meilleure idée de ce qui préoccupe aussi les jeunes créateur·rices, notamment sur les enjeux du monde que sont l’écologie ou les questions de genre ou les discriminations. A l’instar de l’installation de Sophia Lang, avec son film Feast and Furious, dans lequel joue notamment Barbara Butch et qui s’attaque à la discrimination grossophobe.
ue (partielle) de la création de Sophia Lang pour « 100% L'EXPO »

Vue (partielle) de la création de Sophia Lang pour « 100 % L’EXPO » – Christophe Martet pour Komitid

 

Particularité de ce festival : les éléments de scénographie sont récupérés d’une année sur l’autre, dans un souci de durabilité.

Il y a de l’engagement, de l’inquiétude mais aussi du dynamisme dans ces œuvres. Pas seulement celles de Paris puisque La Villette a aussi ouvert ses portes à des élèves des Beaux-arts de Lyon et de Marseille, qui rejoignent celles et ceux de la Villa Arson à Nice ou encore l’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles, entre autres.

 

Christian-Trésor Djoujum présente « Schoolboys » à « 100% L'EXPO »

Christian-Trésor Djoujum présente « Schoolboys » à « 100 % L’EXPO » – Christophe Martet pour Komitid

 

A l’image du travail si singulier et très réussi de Christian-Trésor Djoujum. Christian-Trésor est parti six mois en Afrique du Sud, pour un mémoire sur les masculinités. Etudiant à l’Ecole des Arts décoratifs, il présente durant « 100 % L’EXPO » son travail de fin de cycle, Schoolboys. Il se décrit comme designer, musicien et DJ. Son travail se déploie sur une surface reproduisant un terrain de basket sur lequel sont disposés des vêtements typiques des étudiants, mais avec à chaque fois, un détail qui fait apparaître le détournement, la critique. Le pull torsadé des sportifs est tellement allongé qu’il en devient presque une robe, un polo sans manche est tellement transparent qu’on dirait une nuisette.

Sur l’uniforme, on reconnaît un blason mais qui porte la mention brodée « Folle ». Un autre blason inscrit l’injure « Faggot ». Trésor explique qu’il le porte comme un étendard, référence explicité au retournement de l’insulte. Il a choisi le tissage car cela lui permet de souligner que dans beaucoup de pays d’Afrique, le tissage est fait par des hommes. « En fait, nous explique-t-il, avec ce travail, je me réapproprie ce terrain de jeu, ce terrain interdit aux queers. » Une vidéo et des photos complètent cette installation.

Nous avons parcouru l’exposition avec sa commissaire, Inès Geoffroy et nous lui avons proposé une interview 100 % directe à l’issue de la visite.

Komitid : Donnez-nous trois bonnes raisons de venir découvrir « 100 % L’EXPO » ?

Inès Geoffroy : Chaque année, ce sont des nouveaux artistes que l’on présente et c’est un tableau vivant de la jeune création. Deuxième raison, c’est gratuit, c’est pas mal ! La troisième bonne raison, c’est que durant les week-ends, on propose des rencontres, des performances, des débats, des projections.

Quels sont les artistes en particulier queer que vous souhaiteriez mettre en avant ?

Je pense d’emblée à Christian-Trésor Djoujum qui est l’artiste dont est issue l’affiche. C’est un travail autour de l’univers du campus, de l’uniforme, mais aussi de la compétition sportive dans lequel il interroge et détourne les formes de masculinité. Il y a quelque chose de beau dans le retournement du stigmate dans les petits blasons de ses costumes. Ce qui est intéressant dans la sélection, ce n’est pas forcément de choisir des artistes queer, mais c’est choisir des artistes, puis la queerness est là et infuse. Sacha Rey écrit une fable post apocalyptique sur une relation à distance entre une personne non binaire et une femme lesbienne sur des questions de transition et sur comment vivre une histoire d’amour à la fin de l’humanité. J’ai aussi envie de présenter le travail de Clément Causse qui raconte la découverte de son homosexualité à la campagne. Il y a aussi plusieurs questions qui s’entrecroisent, notamment la question de la réécriture de l’histoire, qu’elle soit familiale ou post coloniale.

 

« Pour une poignée de dollars », sculpture de Mohamed Bourouissa pour « 100% L'EXPO », dans le parc de la Villette

« Pour une poignée de dollars », sculpture de Mohamed Bourouissa pour « 100 % L’EXPO », dans le parc de la Villette – Christophe Martet pour Komitid

 

Trois moments privilégiés ?

Il y a trois rendez-vous importants, les trois samedis de l’exposition. Le 8, on invite la résidence Artagon Pantin pour investir l’expo avec des performances, des ateliers.
Le 15 avril, on invite le collectif Jeunes Critiques d’Art pour l’événement « Vendre la mèche » et là ce sera un format très différent où on va se réunir pour un goûter dans l’atrium et on va échanger sur comment travailler en collectif, entre différents acteurs et actrices du monde de l’art : les artistes, les commissaires d’expo, des enseignant·es, des galeries. Le 22 avril, on a fait se rejoindre plusieurs artistes pour la projection de quatre courts métrages qui parlent de cette question « Imaginer la fin du monde » ainsi qu’une table ronde avec le magazine Mouvement dans la continuité avec les artistes et une performance de « poésie pulsée » par l’artiste Camille Trappier et intitulée « Le Goût de la pierre ». Le principe de « 100 % L’EXPO » reste le même mais comme c’est un festival, on peut faire évoluer le concept. J’essaie de marquer ses questions sur le genre, l’identité et c’est quelque chose qui va se préciser dans les années à venir.

 

« 100 % L’EXPO », du 6 au 23 avril, à la Grande Halle de la Villette, à Paris. Toutes les infos ici.

  • jm-gambieryahoo-fr

    Le “terrain de basket” de Christian-Trésor Djoujum est en fait un terrain de football.