Accusée d'homophobie, la maire de Saint-Genis-Laval envisage de porter plainte

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Dans un communiqué publié mercredi 1er février, le festival LGBTQ+ Écrans Mixtes de Lyon a fait savoir qu'à un mois de son lancement, la Mairie de Saint-Genis-Laval leur refusait l'accès au cinéma municipal La Mouche, qui devait initialement accueillir trois séances.

Marylène Millet en 2021 - Capture d'écran BFMTV

Alors que le festival de cinéma LGBTQ+ de la ville de Lyon, Écrans-Mixtes, amorce sa 13ème édition (du 1er au 9 mars), le voici privé de plusieurs de ses séances après que la mairie de Saint-Genis-Laval a brusquement annulé la collaboration du festival avec La Mouche, le cinéma de la commune.

Mercredi 1er février, sur leur compte Facebook, Écrans Mixtes publie un communiqué faisant part de leur « stupéfaction » face à la nouvelle : « Il semblerait que des représentations LGBTQIA+ ne soient pas les bienvenues à Saint-Genis-Laval ».

“C’est de la censure”

Contacté par Komitid, Ivan Mitifiot, directeur artistique et programmateur d’Écrans Mixtes, estime que cette décision soudaine est particulièrement « humiliante », au vu de l’image prestigieuse et de la popularité qu’Écrans Mixtes a construit durant ses 13 éditions.

Il ajoute : « La particularité d’Écrans Mixtes, c’est que le festival s’étend en étoile à Lyon et dans sa métropole. On est sur 25 lieux différents. C’est le deuxième festival de la métropole après le festival Lumière. On travaille tout le temps avec les plus grandes institutions de Lyon, la Bibliothèque municipale, l’Institut Lumière, le Théâtre National Populaire de Villeurbane, et chaque année, de nouvelles communes se manifestent pour participer à la fête ». Ainsi, dès décembre, intéressé par ce que propose le festival, le cinéma La Mouche de la commune de Saint-Genis-Laval les contacte « avec enthousiasme » pour une première collaboration. Ensemble, ils se mettent d’accord sur trois séances : l’une du nouveau film tant attendu de Terrence Davis, Benediction, une autre du documentaire We Are Coming, et enfin une séance scolaire du film Coming Out, en partenariat avec SOS Homophobie.

Tout semblait se passer normalement jusqu’à ce que, une semaine avant le bouclage du catalogue et de son envoi à l’imprimerie, l’équipe d’Écrans Mixtes reçoive un message de la médiatrice culturelle du cinéma La Mouche l’informant que la mairie « s’oppose à ce partenariat ».

Contactée par Komitid, la mairie de Saint-Genis-Laval affirme que le partenariat ne se serait pas fait «  dans les règles », étant donné que La Mouche, un cinéma municipal, n’a pas informé au préalable sa tutelle.

Pour Ivan Mitifiot, il n’y a pas de doute, cette décision est purement et simplement une « censure sous couvert de prétexte administratif ». Il se dit « inquiet qu’en 2023, il y ait en France des zones où les LGBT ne sont pas les bienvenus », d’autant plus que le festival a déjà collaboré par le passé avec des institutions municipales, dont des cinémas, sans que rien ne pose problème.

« Une polémique qui n’a pas lieu d’être »

Interrogée par Komitid, la mairie de Saint-Genis-Laval s’est dite « étonnée que ça prenne une ampleur si grande » alors que selon elle, la polémique « n’a pas lieu d’être » : « C’était juste un problème interne, il n’y a pas eu de validation à proprement parler par les élus. Tous les nouveaux projets doivent être validés par l’élu en charge (dans ce cas-là, l’élu·e à la Culture, ndlr), et ensuite on a un bureau exécutif avec la majorité, où tous les projets sont validés par l’ensemble des élus, et ce projet n’a pas suivi le protocole », se défend la mairie, précisant qu’aucun autre facteur n’a joué dans l’annulation.

Dans la foulée, le cabinet de Marylène Millet, maire en poste depuis 2020 et se définissant de centre-droit, nous informe que la Maire (également conseillère régionale) envisage de porter plainte pour diffamation « parce qu’il y a des articles qui l’attaquent et la traitent d’homophobe ». Le nom du média visé par l’éventuelle plainte ne nous a pas été communiqué. La cheffe de cabinet de la Maire ajoute aussi que la commune n’est pas « contre ces sujets là » et que la réaction du festival relève de la facilité plus qu’autre chose.

Le cinéma La Mouche, lui, ne souhaite pas communiquer plus sur le sujet.