Le festival de Sundance fait le plein de films queer

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Du 19 au 29 janvier dans l'Utah, le festival indépendant de Sundance revient avec une sélection de films plus queer que jamais. Retour sur quelques titres très prometteurs.

Adèle Exarchopoulos et Franz Rogowski dans « Passages » d'Ira Sachs - SBS Distribution

En tant que premier grand rendez-vous international de cinéma de l’année, le festival de Sundance est toujours à surveiller de près. Sa sélection, riche et variée, propose année après année un lot non négligeable de petits films discrets et confidentiels. Si la plupart ne trouvent pas le chemin de nos salles de cinéma, et se retrouvent le plus souvent livrés à la dure loi du streaming et de la VOD, Sundance reste un outil de mesure relativement fiable quant à la santé du cinéma indépendant américain et international. Et qui dit cinéma indépendant, dit irrémédiablement films et artistes LGBTQ+.

Fenêtre d’exposition

Pour sa renommée, le Festival est donc très prisé par ces films discrets cherchant à s’offrir la fenêtre d’exposition la plus large possible. Par le passé, des films queer renommés comme Come as you are, Les Bums de la plage, Call me by your name, Love is strange ou encore Seule la terre y avaient fait leurs premières mondiales. Durant dix jours, du 19 au 29 janvier, des dizaines et des dizaines de films sont projetés pour la première fois sur grand écran.

Cette année, le festival ne déroge pas à la règle et promet une bien belle sélection parsemée de films américains ou étrangers abordant les thématiques LGBTQI+. C’est le cas par exemple de Fairyland, premier film de l’américain Andrew Durham qui suit l’histoire dans les années 70 d’une jeune fille frappée par un deuil soudain, l’obligeant à vivre seule avec son père bi, bohème et poète. Échaudés par le climat anxiogènes de l’arrivée du sida, le duo père-fille doit apprendre à s’apprivoiser pour le meilleur comme pour le pire. Toujours dans les premiers films, Mutt, de Vuk Lungulov-Klotz, promet lui aussi d’être un rendez-vous du Festival. L’acteur Lío Mehiel y interprète Feña, un jeune homme trans en proie à un passé qui le hante de toutes parts, dans les rues cauchemardesques de New-York.

Si le festival encourage l’émergence de cinéastes nouveaux, il est aussi le rendez-vous de cinéastes chevronnés ou en pleine ascension. William Oldroyd, le réalisateur du très remarqué The Young Lady avec Florence Pugh, revient avec une nouvelle histoires de femmes, Eileen, où Thomasin McKenzie et Anne Hathaway se rencontrent autour d’une affaire de meurtre dans le Boston des années 60. Dans un registre différent, le réalisateur Roger Ross Williams, habitué aux documentaires, se dirige pour la première fois vers la fiction pour raconter l’histoire rocambolesque de Cassandro, un lutteur amateur gay d’El Paso à la renommée internationale. C’est Gael Garcia Bernal, l’acteur Y Tu Mama Tambien, La mauvaise éducation et Ema, qui campera le rôle du performeur flamboyant déjà sujet d’un documentaire français en 2018, intitulé Cassandro the exotico !.

Casting atypique

Mais le vrai grand retour durant cette édition du festival concerne un cinéaste gay dont le travail réjouit nos salles de cinéma depuis 2005 : Ira Sachs, réalisateur de Keep the Lights On, Love is Strange et Brooklyn Village revient cette année avec Passages, où le quotidien paisible d’un couple gay de longue date chavire lorsque l’un d’eux tombe sous le charme d’une femme. Un pitch qui rend curieux donc, auquel il faut ajouter l’excitation de son casting atypique et international, de l’allemand Franz Rogowski (Great Freedom) au britannique Ben Whishaw (Q dans les derniers James Bond), en passant par une Adèle Exarchopoulos dont les choix continuent de nous surprendre, souvent pour le mieux.

Sundance est aussi connu pour ces propositions audacieuses en matière de documentaires. Kokomo City, premier film de D. Smith, donne la parole à quatre travailleuses du sexe trans afro-américaines de New York et saisit dans un noir et blanc sublime leur quotidien dans toute sa complexité. Autre documentaire à surveiller de près, It’s Only Life After All d’Alexandria Bombach, qui revient notamment sur l’engagement en faveur de la communauté LGBTQI+ du groupe de folk-rocks Indigo Girls, icônes de leur génération.

Dans la même veine, la réalisatrice Lisa Cortés se concentre sur la star du rock’n’roll Little Richard (dans Little Richard : I Am Everything) et sur les combats qu’il a mené en tant que chanteur noir et queer. Une façon de revoir la manière dont lui, son art et son image ont été traités à l’époque et le sont aujourd’hui.