Kenya : plusieurs arrestations après le meurtre d'un militant LGBTQ

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Quatre arrestations ont eu lieu au Kenya dans l'enquête sur le meurtre d'un militant des droits des personnes LGBTQ, qui a suscité un tollé national et des condamnations internationales, a annoncé la police.

rainbow flag et drapeau du Kenya
Rainbow Flag et drapeau du Kenya - Esfara / Shutterstock

Le corps d’Edwin Chiloba, un designer et mannequin âgé de 25 ans, avait été retrouvé mercredi dans une malle métallique sur le bas-côté de la route dans la vallée du Rift (ouest) à environ 40 km de la ville d’Eldoret. Selon une source policière ayant requis l’anonymat, la victime a été « étranglée » après avoir été « torturée ».

Vendredi, la police a annoncé avoir arrêté un photographe indépendant qui aurait été un ami de longue date de la victime. Samedi, trois autres suspects ont été interpellés pour leur rôle présumé après la mort du jeune designer, selon la police.

« Nous avons trois nouveaux suspects en détention », a déclaré dimanche le chef des enquêtes au Bureau de la direction des enquêtes criminelles à Eldoret, Peter Kimulwo.

« Je confirme que nous avons découvert le véhicule dont nous pensons qu’il a été utilisé pour se débarrasser du corps. Il fera l’objet d’analyses », a-t-il précisé à des journalistes à Eldoret.

La malle aurait été jetée d’une voiture, selon les premiers éléments de l’enquête.

Selon le quotidien The Star, une autopsie doit avoir lieu lundi avant les obsèques quelques jours plus tard.

Au Kenya, les personnes LGBTQ sont confrontées à la précarité et aux discriminations dans une société majoritairement chrétienne et conservatrice où l’homosexualité est taboue, comme dans de nombreux pays d’Afrique.

Les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont punies par la loi, avec des peines pouvant aller jusqu’à 14 ans d’emprisonnement.

Le meurtre du jeune militant LGBTQ a suscité de vives condamnations internationales.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk s’est ainsi déclaré samedi « secoué », en exprimant sa « profonde tristesse ». Il a témoigné de sa « solidarité envers les activistes LGBTQI+ à travers le monde » et souligné  « l’urgente nécessité de redoubler d’efforts pour leur protection ».

Le commissaire de l’Union africaine (UA) en charge des droits de l’Homme Solomon Ayele Dersso a également condamné ce meurtre, « un résultat de la haine », appelant Nairobi à mener une « enquête transparente, approfondie et rapide » afin de juger les responsables.

Il a également appelé le Kenya comme les autres membres de l’UA à prendre des mesures pour s’assurer que « tous les membres vulnérables de la société, notamment ceux qui sont perçus comme étant différents des autres, y compris en raison de leur identité sexuelle ou de genre, puissent mener une vie sans la menace d’attaques violentes ».

« Continuer à voir une escalade dans la violence visant les Kenyans LGBTQ est vraiment inquiétant », avait déclaré vendredi la Commission kényane des droits humains.

 « Tous les jours, les droits des personnes LGBTQ sont violés sans vraie conséquence pour les auteurs », a-t-elle dénoncé, exhortant la police « à mener de rapides investigations et faire en sorte que les tueurs soient appréhendés et poursuivis ».

Le Forum féministe LGBTQ, dans l’ouest du Kenya où vivait Edwin Chiloba, a souligné que le designer avait utilisé « la mode pour déconstruire le genre et promouvoir les droits de la communauté marginalisée » et exigé que toute la lumière soit faite sur ce meurtre et la dissimulation du corps.

En avril, un autre militant LGBTQ avait déjà été retrouvé assassiné au Kenya.