Un ambassadeur aux droits LGBT+, c'est bien. Mais avec quelle volonté politique et quels moyens ?

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Si on ne peut que se réjouir que le gouvernement affiche sa volonté d'agir au plan international contre les LGBTphobies, la tâche assignée à Jean-Marc Berthon ne va-t-elle pas se heurter au « réalisme » souvent complaisant de la politique étrangère de la France ?

Jean-Marc Berthon, ambassadeur aux droits LGBT+ - DR
Jean-Marc Berthon, ambassadeur aux droits LGBT+ - DR

L’annonce en a été faite à l’issue du Conseil des ministres, mercredi 26 octobre. Jean-Marc Berthon est nommé ambassadeur aux droits LGBT+. Ce haut fonctionnaire âgé de 56 ans avait été auparavant conseiller d’Emmanuel Macron et avait été directeur de cabinet de Marlène Schiappa.

Cette nomination est une première et elle avait été annoncée cet été par la Première ministre, Elisabeth Borne qui avait détaillé sa fiche de poste lors d’une visite dans une association LGBT du Loiret : « Il coordonnera l’action du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour la protection contre les discriminations et la promotion des droits LGBT+ et portera la voix de la France », notamment pour défendre « la dépénalisation universelle de l’homosexualité et de la transidentité ».

Si on ne peut que se réjouir que le gouvernement affiche sa volonté d’agir au plan international contre les LGBTphobies, la tâche assignée à Jean-Marc Berthon ne va-t-elle pas se heurter au réalisme de la politique étrangère de la France ?

Ce n’est pas la première fois que la France se voit en fer de lance des droits LGBTI+ dans le monde.

En 2009, nous avions interviewé en vidéo la Secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme Rama Yadé, qui se félicitait de la Déclaration portée par la France avec près d’un tiers des pays composant les Nations Unies, et réclamant la dépénalisation de l’homosexualité.

Le 25 septembre 2012, le Président fraîchement élu François Hollande, avait plaidé devant l’Assemblée générale des Nations unies pour la dépénalisation de l’homosexualité au niveau mondial.

Progrès

Les droits des personnes LGBTI+ ont progressé, en France et dans certaines régions du monde. Il suffit de regarder la carte des pays qui ont ouvert depuis dix ans le droit au mariage et à l’adoption pour s’en convaincre. Au 27 octobre 2022, 33 pays autorisent le mariage des couples de même sexe, dont le dernier en date est Cuba.

Peut-on alors affirmer que l’évolution va dans le bon sens si l’on s’en tient à ce seul critère ? Hélas non. En Afrique, un seul pays est concerné (sur 53). En Asie, qui regroupe 60 % de la population mondiale, seul Taïwan a ouvert le mariage aux couples de même sexe.

Au delà, ce sont encore 69 pays qui pénalisent ou criminalisent l’homosexualité. Dans 11 pays, les relations homosexuelles sont passibles de la peine de mort. Et cette statistique cache sans doute aussi des situations dans certains pays où la religion exerce une très forte discrimination homophobe et transphobe quand bien même il n’existerait pas de législation spécifique. C’est notamment le cas dans plusieurs pays africains.

La tâche de Jean-Marc Berthon s’annonce donc rude. En effet, comment va-t-il pouvoir se faire entendre dans des pays qui pénalisent leurs citoyen·nes LGBT (citons les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Qatar) mais qui sont aussi des partenaires commerciaux de la France ? Emmanuel Macron est régulièrement critiqué par certaines associations de défense des droits humains pour son manque de leadership sur ces questions.

Sur le continent africain, les gouvernements en place se servent volontiers de l’homosexualité pour critiquer l’Occident mais aussi pour aussi faire taire les opposants, accusés d’être homo ou de défendre les homos pour les décrédibiliser. Jean-Marc Berthon va-t-il s’appuyer sur le tissu local des ONG impliquées ?

Inégalités de genre

Dans de nombreux pays, les droits des personnes LGBTI+ sont souvent indissociables de questions plus larges liées aux inégalités de genre et à la place des femmes dans la société. En Iran, comment lutter pour les droits des personnes LGBTI+ sans aborder les autres discriminations que subissent les femmes ? Depuis le début des courageuses et admirables manifestations suite à la mort de la jeune Masha Amini, arrêtée parce qu’elle portait le voile de façon jugée inappropriée par les gardiens du régime islamique dictatorial, on n’a pas beaucoup entendu la France et le Président. Mais on l’a vu serrer la main du Président iranien en septembre dernier, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York.

Sur ces questions, il faut pouvoir aussi faire preuve de discernement. Dans certains pays, c’est la situation des personnes trans qui est un enfer, quand bien même les droits des personnes gays et lesbiennes seraient en partie garantis.

Au sein-même de l’Europe des 27, quel sera le rôle de cet ambassadeur dans des pays comme la Hongrie et la Pologne qui s’écartent de plus en plus de la Charte d’Union et mettent en place des lois toujours plus dures à l’encontre des personnes LGBT ? Et que fera l’ambassadeur vis-à-vis de l’Italie si la nouvelle cheffe d’extrême-droite du gouvernement Giorgia Meloni décidait de s’en prendre aux (maigres) acquis de la communauté LGBT dans ce pays ?

La France a elle aussi encore du chemin à faire, en particulier pour les droits des personnes intersexes. Rien qu’en 2016, la France a été condamnée à trois reprises en 2016 par l’ONU pour ces mutilations sur enfants intersexes.

Peu connu du grand public, Jean-Marc Berthon devra disposer de moyens importants pour accomplir sa mission. Il existe une opportunité pour montrer sa détermination et la volonté politique de la France. Saura-t-il trouver les mots pour dénoncer la criminalisation des relations homosexuelles au Qatar ? Dans moins d’un mois, le Mondial 2022 aura pour lui valeur de test.

  • recital

    et si le gouvernement s’intéressait d’abord à ce qui se passe en France?
    mon exemple: c’est le fils de Christine Boutin, Pierre-Yves Boutin, Notaire de Vannes,(maman habite Pornic) qui nous dit ”je soutiens ma maman” et ”je partage les convictions de ma maman” qui est nommé par un JAF pour procéder à la liquidation de mon partage judiciare: de conflits d’intérêts en prises illégales d’intérêts, de faux en écriture, en falsification de pv de garde à vue, j’arrive à la corruption du système judiciaire car il y a 3 millions d’euros à se partager. Une femme transgenre ne peut raisonnablement pas toucher sa moitié. Claire