La maire Marie Cau largement soutenue suite aux attaques transphobes de Dora Moutot sur le plateau de Léa Salamé

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Samedi dernier, dans « Quelle Époque ! », la nouvelle émission de France 2 présentée par Léa Salamé, la maire trans Marie Cau a été la cible de plusieurs attaques transphobes qui ont choqués les invités et les spectateurs.

Marie Cau (de profil) et Dora Moutot (de face) sur le plateau de « Quelle époque ! » le 15 octobre 2022 - Capture d'écran / France 2
Marie Cau (de profil) et Dora Moutot (de face) sur le plateau de « Quelle époque ! » le 15 octobre 2022 - Capture d'écran / France 2

Dans un débat ni fait ni à faire, amené par Léa Salamé comme devant répondre à la question plus que malvenue “Un homme peut-il devenir une femme ?”, Marie Cau, la première maire trans élue de France, faisait face à Dora Moutot, militante féministe connue pour ses positions transphobes. Alors que la première s’est livrée avec sincérité et sérénité sur son vécu, la deuxième s’est d’emblée montrée bien plus véhémente, voire insultante, dans une énonciation d’arguments tous plus violents les uns que les autres.

La séquence qui a fait le plus réagir montre Léa Salamé demander à Dora Moutot si elle considère Marie Cau comme une femme, chose à laquelle la militante répond par la négative : “Non, pour moi Marie Cau c’est un homme, c’est un homme transféminin, une personne qui est biologiquement un mâle sauf qu’elle a des goûts qui correspondent à ce qu’on appelle le genre femme”.

 

Par la suite, Dora Moutot s’est lancée dans une invective ahurissante de bêtise pour justifier ses craintes de voir le mouvement féministe se faire écraser par les personnes trans : “Dans certains pays, on va se retrouver avec des hommes qui ont parfois commis des meurtres sur des femmes ou bien des viols qui vont faire un programme de gender affirming pour devenir des femmes en prison et être transférés dans des prisons de femmes. On se retrouve avec certains hommes qui violent leurs co-détenus.”

Des déclarations hautement stigmatisantes donc, que Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart venu faire la promotion de son dernier livre, n’a pas tardé à critiquer : “Si on applique le même message aux personnes immigrées, j’entends exactement le même type d’analogie […] C’est exactement le même type de mécanique du discours “.

 

Des réactions multiples

Sur le plateau, le débat n’a laissé personne de marbre. Si Marie Cau est évidemment la première à déplorer les propos de son interlocutrice, tous autour de la table y vont de leurs mots pour soutenir cette dernière. C’est l’humoriste Jérémie Ferrari qui prend le premier la parole pour dénoncer la posture de Dora Moutot, arrivée “complètement excitée, très énervée, à chercher dans le monde tout ce que les trans auraient pu causer comme problèmes”. “Vous n’avez aucun argument, il n’y a que de la haine, de l’agressivité, quand vous parlez, tout le monde peut s’en rendre compte”, finit-il par ajouter dans un dernier élan d’énervement.

Dans un moment improvisé, où l’élue a interrogé le public pour savoir si d’autres personnes s’étaient posées des questions sur leur genre pendant leur adolescence, une jeune fille a pu prendre la parole : “Je suis très choquée par le débat, je trouve que c’est extrêmement violent parce que la dame a déjà tellement souffert et venir remettre en question son genre –parce que c’est ce qui est fait ce soir– je trouve ça très violent”, dit-elle visiblement très émue par l’échange auquel elle vient d’assister.

Le lendemain, Marie Cau, la principale concernée, a tenu à faire savoir son mécontentement et son sentiment de censure quant au montage de l’émission qui aurait coupé des passages de son argumentaire, notamment concernant le passage sur les enfants trans. Dans son tweet suivant, la maire de Tilloy-Lez-Marchiennes s’est fendue d’une déclaration à son opposante d’un soir, qu’elle décrit comme “une jeune femme remplie de peur, de haine et de colère”, à qui elle souhaite de trouver “la paix intérieure et l’amour qui pourra la rendre heureuse”.

Le tout avant d’apostropher directement le gouvernement sur Twitter, pour que ce dernier se positionne “clairement sur la transphobie et les incitations à la haine des personnes adoubées par Aurore Bergé, Caroline Dayan et Astrid Panosyan-Bouvet”. Ces trois députées Renaissance étaient en effet apparues publiquement aux côtés de Dora Moutot. Etait-ce aussi pour l’élue une façon de critiquer la discrétion sur le sujet de Gabriel Attal, ministre ouvertement gay et présent sur le plateau ?

Interrogé quant à son avis sur la question, le ministre du Budget et ex-porte-parole, a usé d’acrobaties verbales (il dénonce la position idéologique de Moutot, puis critique aussi les affiches du Planning Familial) et de lieux communs (“je pense que toutes les évolutions sociétales suscitent du débat”) pour éviter toute prise de position. “Je trouverais terrible que ce sujet là [la transidentité] finisse par faire exploser le combat féministe”, avait-il conclu, rejoignant presque les idées nauséabondes qui composaient le discours de Dora Moutot.

Un débat qui n’aura pas manqué non plus de faire réagir les personnalités au-delà de celles assises autour de la table. La Briochée, célèbre drag-queen, candidate de Drag Race France, s’est exprimée sur son compte Twitter avec agacement : “Donc on continue, à nouveau, de donner une plateforme au discours de haine. La transphobie n’est pas une opinion mais un DÉLIT”. 

Le lendemain de la diffusion, Isabelle Rome, la ministre déléguée auprès de la Première ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité, n’a pas manqué de réagir face à ces propos d’une “grande violence”. “Chaque personne doit être respectée par-delà son identité de genre ou son orientation sexuelle”.

Après l’émission calamiteuse de Karine Lemarchand il y a quelques jours, ce débat est une nouvelle preuve de l’amateurisme total doublé d’un sensationnalisme gênant avec lequel certains programmes de télévision continuent de traiter les questions de transidentité.