Les personnes trans et le Planning familial font les frais d'une des premières polémiques de la rentrée

On part quelques semaines en vacances (ça fait du bien). Et de retour à Paris, l’un des premiers réflexes est de consulter les réseaux sociaux et les journaux télé. La polémique du jour ? Un homme enceint sur une affiche du Planning Familial. Avec ce slogan : “Au Planning, on sait que les hommes aussi peuvent être enceints”.

Aussitôt cette association est accusée par plusieurs élus du Rassemblement national et des personnalités de Reconquête !, le parti d’Éric Zemmour, de promouvoir la « théorie du genre ». Cela faisait longtemps !

Puis, sur les chaînes d’info en continu et sur les réseaux sociaux, et pendant 48 heures, on a pu voir défiler tout un aréopage plus ou moins disparate de personnalités s’insurgeant, vociférant, s’indignant.
La palme revient sans doute à l’ancienne ministre et députée européenne Nadine Morano, dont la réaction outrée n’a pas échappé à la sénatrice EELV Melanie Vogel qui lui a répondu de la plus brillante des façons sur Twitter.

Au Figaro, l’historienne et féministe Marie-Jo Bonnet prédit la destruction des combats féministes par une « idéologie transhumaniste ». Sans vraiment trouver les arguments qui justifieraient une telle ” panique morale “.

Plusieurs jours après le début de cette attaque en règle contre le Planning, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, a enfin apporté son soutien à cette association.

Face à la meute transphobe, où la vulgarité le dispute au mépris, on ne peut que saluer le calme d’Ali Aguado, un homme trans qui a accouché en 2019 et donné naissance à une petite fille. Il a répondu très simplement dans son témoignage à ces attaques en règle contre les familles « non conformes » : « Une personne enceinte reste une personne enceinte que ce soit une personne trans ou une femme cisgenre ». Avec son compagnon François, il avait témoigné au micro de Clemence Allezard sur France Culture dans un magnifique épisode des Pieds sur terre (Enceint, diffusé le 3 février 2021).

Dans une tribune publiée par Marianne, deux féministes connues pour leurs positions transphobes, Marguerite Stern et Dorat Mouton, joignent leur voix au chœur de toutes celles et (surtout) ceux qui veulent affaiblir le Planning Familial. Elles disent être « inquiètes de ce que devient le Planning Familial ». A les lire, le plus grand danger serait de prendre en compte la validité des grossesses chez des personnes trans, pas les coups de boutoir contre le droit à disposer de son corps, les actes transphobes et la volonté de remettre en cause les droits des femmes et des minorités.
Ne nous y trompons pas. Après cette attaque contre une bien innocente affiche, ce sont tous les principes défendus et les combats menés par cette association que l’extrême droite, et d’autres, voudraient remettre en cause. Pendant les cinq prochaines années, avec une Assemblée nationale où siègent 89 député·es d’extrême droite, les occasions de s’attaquer à nos droits ne vont pas manquer. Restons vigilant·es !