Variole du singe : François Braun, le nouveau ministre de la Santé, doit accélérer la riposte !

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Le nouveau ministre de la Santé, qui prend ses fonctions aujourd'hui, doit accélérer la riposte face à l'épidémie de variole du singe, qui progresse rapidement en France, et principalement chez les hommes gays et bis.

Variole du singe
Variole du singe - Tatiana Buzmakova / Shutterstock

Fraîchement nommé avenue de Ségur, François Braun, le nouveau ministre de la Santé, a du pain sur la planche. L’hôpital public est en ruines, la 7e vague du Covid fait rage. Et la variole du singe se répand, de façon ultra majoritaire chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), un terme épidémiologique, qui inclut bien sûr les hommes gays et bis.

Les chiffres tout d’abord. En France, les infections par le virus  de la variole du singe font l’objet d’une surveillance pérenne par le dispositif de la déclaration obligatoire. Au 30 juin 2022 à 14 heures, 498 cas ont été confirmés. C’est 168 cas de plus que le 24 juin et plus de 220 cas de plus que le 21 juin, soit neuf jours plus tôt. Il faut rappeler que le premier cas de monkeypox a été signalé en France… le 19 mai dernier. On attend mardi 5 juillet le nouveau point épidémiologique, mais on peut prédire qu’il ne sera pas bon.

La situation n’est donc absolument pas stabilisée et la France ne fait pas exception. En Europe, comme cela a été annoncé par l’OMS le 1er juillet, les cas de variole du singe ont triplé depuis le 15 juin, avec 4 500 cas confirmés dans 31 pays européens.

Au-delà des chiffres, qui augmentent très vite, ce sont les témoignages lus sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, qui font froid dans le dos. La maladie est en soi bénigne et à ce jour, aucun mort n’a été signalé en France. Mais les symptômes et les dégâts causés par le virus peuvent être handicapants. Certains signalent qu’en raison des lésions au niveau de la gorge, ils ne peuvent plus boire ni manger et ont dû être hospitalisés. On parle aussi d’isolement forcé, puisque les personnes infectées doivent rester chez elles. Le monkeypox n’est pas (encore) déclarée en tant qu’infection sexuellement transmissible, mais se transmet par le contact de la peau ou des muqueuses (bouche, sexe, anus) avec les boutons ou les croûtes  et les gouttelettes (postillons, éternuement…).

Santé publique France a réagi assez rapidement et une campagne de communication a été mise en place en urgence depuis deux semaines sur les sites LGBT (dont Komitid). On peut y lire des informations datées du 15 juin. Mais tout va très vite et la pression monte aujourd’hui pour que les pouvoirs publics accélèrent la riposte contre le monkeypox.

Les Etats-Unis ont décidé de vacciner et vont mettre à disposition 300 000 doses de vaccin pour les personnes qui seraient exposées au virus. Les CDC recommandent que les personnes qui ont eu une exposition confirmée ou présumée au monkeypox soient vaccinées contre le virus.

Au Royaume Uni, la recommandation de vaccination auprès des HSH a été publiée le 21 juin. En France, ce n’est toujours pas le cas !

Pour le moment, la Haute autorité de santé (HAS) recommande aujourd’hui la mise en œuvre d’une stratégie vaccinale réactive, c’est-à-dire autour d’un cas confirmé, avec un vaccin de troisième génération uniquement. Il s’agit du vaccin Imvanex, produit par le laboratoire danois Bavarian Nordic, autorisé depuis 2013. Selon nos informations, certain hopitaux ont commencé à vacciner les cas contact de personnes touchées par monkeypox et les travailleur·euses du sexe.

Selon une information de Têtu, le gouvernement serait favorable à la vaccination – aujourd’hui réservée donc aux cas contacts –, pour toutes les populations vulnérables, précisément les hommes gays et bis multipartenaires. Mais on manque de données sur la disponibilité du vaccin et cette intention du gouvernement doit être à nouveau validée par la Haute autorité de santé, dont l’avis doit être rendu… autour du 14 juillet. Il faut aller plus vite ! Toutes les personnes actuellement sous PrEP (le traitement préventif contre le VIH) doivent pouvoir bénéficier du vaccin sans attendre. Tous les hommes gays et bis et les HSH qui se présenteraient dans des centres de santé sexuelle ou de prévention doivent pouvoir recevoir une réponse positive pour l’accès à la vaccination.

En terme de prévention, selon la plupart des associations, les personnes gays et bis doivent limiter leurs partenaires. C’est le moyen le plus efficace à notre disposition pour freiner la progression de l’épidémie. J’en vois déjà qui lèvent les yeux au ciel : “Demandez aux gays d’arrêter de baiser ? Bon courage ! “. Pourtant, durant les premières années de l’épidémie de VIH/sida, la plupart des gays n’ont attendu personne (et surtout pas les pouvoirs publics) pour limiter les risques.

Rappelons enfin que la variole du singe est déjà endémique dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Il serait là aussi urgent d’aider ces pays à faire face à ce virus, y compris parmi les communautés LGBTI+.

  • En cas de doute de contamination, appelez votre médecin ou le 15.
  • Pour toute information, appelez Sida Info Service, au 0800 840 800.
  • Si vous êtes infecté, lisez cette fiche d’information au patient.