Un vaccin contre la méningite pourrait protéger contre la gonorrhée

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Pas traitée, la gonorrhée peut entraîner par exemple un risque accru de contracter le VIH ou d'infertilité chez les femmes. Plus de 80 millions de nouveaux cas ont été enregistrés dans le monde en 2020, un nombre en augmentation.

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Vaccination / Shutterstock

Un vaccin, déjà existant, contre la méningite de type B pourrait protéger contre une maladie sexuellement transmissible, la gonorrhée, selon trois études publiées dans The Lancet Infectious Diseases.

Également appelée blennorragie ou encore chaude-pisse, cette infection, causée par une bactérie transmise lors de rapports sexuels non protégés, affecte surtout des moins de 30 ans, des hommes en particulier. Chez les hommes gays en France, l’infection est encore très fréquente et en augmentation ces dernières années (hors période Covid).

Pas traitée, la gonorrhée peut entraîner par exemple un risque accru de contracter le VIH ou d’infertilité chez les femmes. Plus de 80 millions de nouveaux cas ont été enregistrés dans le monde en 2020, un nombre en augmentation.

En 2016, l’OMS s’est fixé pour objectif de réduire l’incidence de la gonorrhée de 90 % d’ici à 2030. Mais un vaccin efficace n’a pas encore été mis au point, et la baisse d’efficacité des médicaments contre les bactéries responsables fait craindre que la gonorrhée devienne plus résistante.

D’où l’intérêt porté aux vaccins contre la méningite à méningocoque B, qui pourraient aider à améliorer la protection contre la gonorrhée, selon les résultats parus dans The Lancet Infectious Diseases. Déjà en juillet 2017, The Lancet avait publié une étude sur l’intérêt des vaccins contre la méningite, en Nouvelle Zélande.

Selon une première étude, menée en Australie par le professeur Helen Marshall, le vaccin anti-méningite 4CMenB à deux doses apparaît efficace à 33 % contre la gonorrhée.

Les chiffres sont semblables dans une deuxième étude, menée aux États-Unis par le Dr Winston Abara : la vaccination avec deux doses de ce vaccin contre la méningite B semble apporter une protection de 40 % contre la gonorrhée. Une seule dose de vaccin aurait, elle, eu 26 % d’efficacité.

Ces deux études, pour lesquelles les auteurs reconnaissent certaines limites, ne font qu’évaluer après coup des données, et ne permettent donc pas d’être certain d’un lien direct de cause à effet. Des essais cliniques sont donc nécessaires pour confirmer celui-ci.

Même si le vaccin contre la méningite B n’est pas une réponse idéale face à la gonorrhée, il pourrait permettre d’avancer notamment pour trouver un vaccin spécifique, estiment les chercheurs.

Une troisième étude a, elle, cherché à modéliser les effets sanitaires et économiques de l’utilisation du vaccin contre la méningite B pour protéger contre la gonorrhée.

Vacciner les plus à risque d’infection est le moyen le plus rentable d’éviter un grand nombre de cas, selon cette étude de modélisation pilotée par l’Imperial College de Londres. Cela pourrait prévenir 110.000 cas en Angleterre et économiser huit millions de livres sterling sur 10 ans.