Au cinéma ce mercredi : « Piccolo Corpo » et « Les Affluents »

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A ne pas manquer cette semaine, « Les Affluents » ou le parcours de trois jeunes hommes au Cambodge et le lumineux « Piccolo Corpo », sur la force d'une femme qui ne se résigne pas dans l'Italie du Nord au début du XXè siècle.

« Piccolo Corpo », de Laura Samani, avec Ondina Quadri et Celeste Cescutti

Il y a des films dont les images restent longtemps gravées en vous. Piccolo Corpo est de ceux-là. Présenté à la Semaine de la critique au dernier festival de Cannes, le premier long métrage de la réalisatrice italienne Laura Samani est d’abord un éblouissement. Celui de la lumière forte de cette plage d’un village de pêcheurs du Frioul où nous renontrons pour la première fois Agatha.

Elle vient de perdre son enfant mort-né mais ne se résigne pas à l’idée que son âme soit condamnée à errer dans les limbes selon la croyance religieuse de l’époque. Dans cette Italie de l’année 1900, elle va entreprendre un périple pour rejoindre un endroit dans les montagnes où son enfant peut être ramené à la vie. Piccolo Corpo est d’une beauté formelle inouïe. Des chants traditionnels viennent ponctuer le récit.

Au début de son parcours, Agatha va croiser la route de Lynx, qui essaie de survivre dans un monde d’hommes. On parlerait aujourd’hui d’un personnage non-binaire.

Les deux voyageuses vont aller au bout de leur détermination dans cette fable étrange. Le dénouement de ce film très maîtrisé est absolument bouleversant. Les deux actrices principales, Celeste Cescutti (Agatha) et Ondina Quadri (Lynx) ont obtenu un double Prix d’interprétation au dernier festival Chéries-Chéris, à Paris.

« Piccolo Corpo », de Laura Samani, avec Celeste Cescutti et Ondina Quadri, 1h29

 

Retour à la période contemporaine, au Cambodge, cette fois, avec Les Affluents, de Jessé Miceli. Dans un pays en pleine transformation – le réalisateur filme longuement ces gratte ciels et centres commerciaux de la capitale Phnom Penh – on suit dans une série de tableaux trois jeunes hommes qui rêvent d’émancipation et qui vont chacun choisir leur voie, jusqu’au jour où leur chemin va se croiser à l’occasion d’un drame. Le réalisateur explique qu’il a voulu montrer l’émergence d’un nouveau monde et comment ces trois garçons participent ou s’inscrivent dans ces changements.

Tourné en 2019 et début 2020 avec des acteurs non professionnels, Les Affluents fait des allers retours entre la campagne et la capitale, au rythme des tuk-tuks et suit notamment un des hommes qui travaille dans un bar gay en tant qu’escort. Une autre scène entre un chauffeur de taxi et une femme occidentale montre aussi crûment la persistance de stéréotypes racistes et de rapports de domination. Mais le film n’est pas un brûlot et le réalisateur fait preuve d’un grand respect pour ses personnages et installe une ambiance tout à la fois inquiétante et d’une grande douceur.

« Les Affluents », de Jessé Miceli, avec Vann Lek, Eang Phearum, Rom Rithy, 1h22