Paris critique la Hongrie sur les questions LGBTI+, entre autres, mais dialogue avec elle avant la présidence française de l'UE

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Le secrétaire d'État aux Affaires européennes Clément Beaune, en visite mardi 12 octobre à Budapest, a exhorté la Hongrie à respecter les « valeurs communes » de l'Europe, sous peine de sanctions.

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La Pride de Bruxelles en 2017 - Alexandros Michailidis / Shutterstock

Le secrétaire d’État aux Affaires européennes Clément Beaune a aussi préparé le terrain pour la prochaine présidence française de l’Union européenne, au premier semestre 2022, et une possible visite d’ici là d’Emmanuel Macron dans la capitale de la Hongrie.

« Il est important de défendre les valeurs européennes inscrites dans nos traités  », a lâché Clément Beaune au cours d’une interview dans les locaux de la radio indépendante Klubradio, critique des autorités et privée d’antenne depuis février.

Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban est en conflit ouvert avec l’UE pour une série de réformes visant la justice, les médias, les réfugié·es, les ONG et les minorités, jugées attentatoires à l’État de droit.

Une loi sur la « protection des enfants » votée en juin, accusée par nombre de dirigeant·es européen·nes de comporter des discriminations à l’égard des personnes LGBTI+, a aussi mis le feu aux poudres. Clément Beaune a déploré la « confusion » induite par le texte, la loi faisant le lien entre pornographie et «  contenus représentant l’homosexualité ».

«  Les médias publics nous présentent désormais comme l’ennemi public numéro un  », lui a expliqué le militant LGBTI+ Tamas Dombos à l’occasion d’une rencontre avec des associations hongroises.

Le secrétaire d’État avait agité le spectre de « sanctions juridiques, voire financières  », de l’UE contre la Hongrie avant son déplacement. À Budapest, il a rappelé que l’UE s’était dotée d’un nouveau mécanisme subordonnant le versement de fonds européens au respect de l’État de droit. « La conditionnalité des aides, la pression politique peuvent jouer un rôle », a-t-il insisté.

« Nous travaillons bien »

Au-delà du contentieux sur l’État de droit, Paris estime pouvoir travailler avec Viktor Orban sur un certain nombre de sujets pendant la présidence française de l’UE.

Le président Macron pourrait effectuer dans cette perspective une visite en Hongrie, un des rares pays de l’UE qu’il n’a pas encore visités. « C’est une option. Il n’est pas exclu qu’il puisse se rendre en Hongrie  », a relevé Clément Beaune devant des journalistes.

Ce dernier a aussi rencontré son homologue hongroise, Judit Varga, la ministre de la Justice et des Affaires européennes, et le conseiller du Premier ministre pour les Affaires européennes, Janos Boka, deux entretiens qui n’ont donné lieu à aucune prise de parole publique.

Mais le nouveau mécanisme posant des conditions au versement de fonds européens pourrait aussi être activé au cours de la présidence française.

La Cour de justice européenne, saisie lundi par la Hongrie et la Pologne qui contestent ce dispositif, devrait se prononcer d’ici à « la fin de l’année », a estimé Clément Beaune. En cas de feu vert de la justice de l’UE, la Commission européenne, sous pression du Parlement européen en la matière, pourrait alors rapidement enclencher sa mise en œuvre contre la Hongrie.

Le déplacement du secrétaire d’État a aussi fait écho à la campagne pour la prochaine élection présidentielle en France.

Le 24 septembre, l’éditorialiste Éric Zemmour avait fustigé à Budapest «  la propagande totalitaire menée par le lobby LGBT  ». Il a dit « admirer la résistance » de Viktor Orban, qui l’a alors reçu, « aux pressions en tous genres, de la Commission (européenne), des Allemands, d’Emmanuel Macron ».

« Je suis membre du gouvernement et pas polémiste professionnel », a répliqué Clément Beaune, interrogé sur le sens de sa visite après celle d’Éric Zemmour.

Avec l’AFP