Géorgie : des député·es demandent la démission du Premier ministre après la mort du journaliste Alexandre Lachkarava

Publié le

Des milliers de personnes ont manifesté dimanche 11 juillet en Géorgie pour demander la démission du gouvernement après la mort d'un journaliste, passé à tabac plus tôt cette semaine par des militants d'extrême droite en marge de manifestations contre la communauté LGBTI+.

manifestation géorgie
Des milliers de personnes ont manifesté en Géorgie dimanche - Capture d'écran Twitter / @TamarKekenadze

Alexandre Lachkarava, 37 ans, a été retrouvé mort dans son lit dimanche 11 juillet, selon la chaîne TV Pirveli pour laquelle il travaillait. Il avait été violemment passé à tabac lundi en marge de manifestations contre la tenue d’une marche LGBTI+ et souffrait de multiples fractures au visage.

Plus de 50 journalistes avaient été attaqués le même jour, alors que la marche initialement prévue dans les rues de la capitale Tbilissi avait finalement été annulée, par crainte pour la sécurité des participant·es.

Selon un journaliste de l’AFP, environ 8 000 personnes étaient réunies dimanche à 20 heures (16 heures GMT) devant le Parlement, à l’appel d’organisations de défense des droits humains.

« Nous demandons la démission immédiate d’Irakli Garibachvili et de son gouvernement qui sont les fers de lance de la violence contre les journalistes », a déclaré à l’AFP Nika Melia, leader de la principale force d’opposition du pays, le Mouvement national uni (MNU).

Giorgi Svanidze, médecin de 43 ans, a lui affirmé que le parti au pouvoir du Rêve géorgien « cultive le climat de haine dans ce pays – contre les journalistes, les militants des droits, les opposants ». « Le gouvernement doit partir », a-t-il ajouté.

L’Union européenne et les États-Unis ont condamné ces attaques et appelé à ce que les responsables soient traduits en justice.

« Laissez-moi réitérer la ferme condamnation de l’UE de toute violence et notre soutien ferme et inébranlable à la liberté de la presse et de réunion », a déclaré dimanche l’ambassadeur de l’UE en Géorgie, Karl Hertzel, dans un communiqué où il présente aussi ces condoléances pour la mort d’Alexandre Lachkarava.

« La sécurité de chaque journaliste géorgien et la crédibilité de la démocratie en Géorgie exigent que chaque individu qui a attaqué des citoyens pacifiques et des journalistes (…) soit identifié, arrêté et poursuivi », a pour sa part indiqué l’ambassade des États-Unis.

« Passivité coupable »

Reporters sans Frontières (RSF) a condamné ces attaques, précisant que des journalistes « ont subi des blessures incluant des commotions, des brûlures chimiques et des fractures du bras ». L’ONG a accusé les autorités de « culpabilité passive » et estimé que la police avait manqué à son devoir de protection envers les journalistes.

Le ministère géorgien de l’Intérieur a assuré dimanche dans un communiqué qu’une enquête avait été ouverte pour déterminer les causes de la mort d’Alexandre Lachkarava.

Plusieurs personnalités et dirigeant·es du monde de la télévision ont elles et eux accusé le gouvernement d’Irakli Garibashvili d’avoir orchestré une violente campagne visant les journalistes.

« Le gouvernement ne se limite pas à encourager la violence contre les journalistes, il est partie prenante de cette violence  », a déclaré à l’AFP le rédacteur en chef de Pirveli, Nodar Meladze. « Le gouvernement a mis en place des groupes violents qui s’en prennent aux médias indépendants », a-t-il assuré, ajoutant que « la police antiémeute cible régulièrement la presse  ».

En juin 2019, la police antiémeute avait blessé une quarantaine de journalistes qui couvraient une manifestation antigouvernementale.

Le Premier ministre géorgien est la cible de violentes critiques, tant de la part de l’opposition que de militant·es des droits humains après avoir pris position contre la tenue de la marche LGBTI+, l’estimant « inacceptable pour une large part de la société  ». Ils reprochent au parti au pouvoir, Rêve Géorgien, d’avoir tacitement soutenu les groupes nationalistes et homophobes qui ont également organisé plusieurs manifestations visant les partis d’opposition pro-Occident.

Député·es en colère

Lundi dans la soirée, des centaines de journalistes et de militant·es en faveur des droits humains ont manifesté devant le Parlement pour exiger la démission de d’Irakli Garibachvili.

Plus tôt dans la journée, plusieurs député·es de l’opposition ont occupé le siège du président du Parlement et réclamé la démission du Premier ministre Irakli Garibachvili, accusant le parti au pouvoir du Rêve géorgien de n’avoir pas empêché les violences qui ont visé les journalistes.

Des images diffusées par la télévision Mtavari TV ont montré des scènes chaotiques au sein de l’assemblée plénière, où les député·es d’opposition en sont venu·es aux mains avec celles et ceux du parti au pouvoir. La séance a repris avec l’éviction manu militari des protestataires.

Avec l’AFP