Satisfaction des associations trans suite à la décision de Manhattan de cesser de criminaliser les travailleur·euses du sexe

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Le procureur du district de Manhattan a annoncé qu’il arrêtait de poursuivre pénalement les travailleur·euses du sexe. Cette décision a été saluée par des groupes de défense des droits des personnes trans, qui ont majoritairement été concernées par cette mesure.

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Une manifestation pour les droits des travailleur·euses du sexe aux États-Unis- Matt Zulak - Flickr

« Au cours de la dernière décennie, nous avons appris de ceux qui ont une expérience vécue et de notre propre expérience sur le terrain : poursuivre pénalement la prostitution ne nous rend pas plus sûrs et, trop souvent, obtient le résultat inverse en marginalisant davantage les New-Yorkais vulnérables », a déclaré mercredi 21 avril Cyrus Vance Jr, le procureur de Manhattan, dans un communiqué.

Il ajoute qu’environ 6 000 affaires pénales liées au travail du sexe vont être rejetées, dont 900 datant des années 70. Il compare ces affaires de « reliques d’un autre New York et de fardeaux très réels pour la personne qui porte la condamnation ou le mandat d’arrêt  ».

« Cette action résolue visant à décriminaliser activement les travailleurs du sexe est le genre de changement que notre communauté espère, défend, depuis des décennies »

Le procureur de Manhattan précise que cette décision a pour but de mettre en relation les personnes arrêtées pour travail du sexe avec les services sociaux, plutôt que d’engager des poursuites. « Maintenant, nous allons refuser de poursuivre purement et simplement ces arrestations, en fournissant des services et un soutien uniquement sur la base du volontariat  », explique-t-il.

La décision a été particulièrement saluée par de nombreux groupes de défense des droits des personnes trans. Cecilia Gentili, la fondatrice de Transgender Equity Consulting, a considère comme «  l’une des mesures les plus importantes prises au niveau national dans le but de mettre fin à la criminalisation du travail du sexe  ». « Cette action résolue visant à décriminaliser activement les travailleurs du sexe est le genre de changement que notre communauté espère, défend, depuis des décennies », ajoute-elle, dans des propos cités dans le communiqué.

Les personnes trans, les plus concernées

Une enquête nationale menée en 2015 et intitulée « Transgender expériences in the sex trade » (« Les expériences transgenres dans le commerce du sexe », en français) a révélé que les personnes trans – surtout les femmes trans racisées – sont les plus concernées. Ainsi, près de 11 % des Américain·es trans ont affirmé avoir participé au « commerce du sexe », 40 % d’entre elles et eux sont Noir·es et 33 % Latinxs.

« Pour de nombreuses personnes transgenres, le commerce du sexe peut offrir une plus grande autonomie et une plus grande stabilité financière par rapport aux lieux de travail plus traditionnels, avec peu d’obstacles à l’entrée  », écrivent les trois associations à l’origine du projet. « Cependant, l’insécurité économique et la privation matérielle peuvent accroître la vulnérabilité d’une personne aux discriminations et diminuer sa capacité à faire des choix autodéterminés ».

La décision du procureur de Manhattan arrive peu après que l’Assemblée législative de New York a abrogé la Loitering for the Purpose of Prostitution law (loi dite : « flâner aux fins de prostitution », en français), qui a été mise en place en 1976 à New York. Communément appelée « Walking While Trans » (« marcher en étant trans », en français), cette législation est jugée discriminatoire puisqu’elle a permis d’arrêter et détenir des personnes trans en utilisant la force.

Selon les rapports de 2018 de la Division des services de justice pénale de l’État de New York rapportés par Human Rights Campaign, 47 % des arrestations dans l’État de New York ont eu lieu dans le Queens, et les femmes noires et latinx, y compris les femmes trans, étaient les plus affectées.

Plus de 5 000 des affaires rejetées par Cyrus Vance Jr étaient liées à cette loi jugée transphobe.

Selon le New York Times, le bureau du procureur de Manhattan va continuer de poursuivre d’autres crimes, y compris la traite sexuelle, l’achat des services de travailleur·euses du sexe et la promotion du travail du sexe.

Avec cette décision, Manhattan rejoint les villes américaines de Baltimore, Philadelphie et San Francisco, qui ont toutes arrêté de poursuivre en justice les travailleur·euses du sexe.