Chine : une cour juge que l’homosexualité reste un « trouble psychologique »

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Un tribunal de la province du Jiangsu en Chine a statué en faveur d'un éditeur qui a décrit l'homosexualité comme un « trouble psychologique » dans un manuel universitaire.

Chine
le drapeau chinois et le Rainbow Flag - Shutterstock

Le tribunal de la ville de Suqian, dans le nord de la province du Jiangsu en Chine, a conclu que la description de l’homosexualité comme « trouble psychologique » — au meme titre que le travestissement et le fétichisme — résulte de « différences de perception » et n’est donc pas une erreur factuelle, selon Reuters.

La décision a confirmé un jugement rendu en septembre 2020, contre la demandeuse de 24 ans, connue sous le pseudonyme XiXi. La jeune femme a découvert le manuel de psychologie litigieux alors qu’elle étudiait à l’Université d’agriculture de Chine du Sud en 2016. En octobre 2020, elle expliquait au New York Times qu’elle avait été « profondément blessée » en le lisant, puisqu’elle s’identifie comme lesbienne.

Attaque en justice

En 2017, XiXi a attaqué en justice l’éditeur Jinan University Press, ainsi que le détaillant en ligne qui le commercialisait « pour avoir publié et distribué du contenu factuellement incorrect  ». Elle a exigé que les deux parties s’excusent et retirent le texte faisant référence au « trouble psychologique ». Dans le manuel disponible dans de nombreuses universités en Chine, il est également écrit que l’homosexualité est « considérée comme une perturbation de l’amour et du sexe ou une perversion du partenaire sexuel  ».

Cependant, XiXi a perdu son procès. La décision du tribunal sur ce qui constituait une « erreur factuelle  » était « aléatoire et sans fondement  », explique-t-elle au South China Morning Post. La décision « a également permis aux manuels qui pathologisent l’homosexualité de continuer à circuler, ce qui est dommage  », déplore XiXi.

« Je me sens perdue, parce qu’ils n’y a même pas eu de procès, ils ont simplement rendu le jugement »

Le tribunal de Suqian a conclu que les points de vue opposés de XiXi et de l’éditeur étaient dus à des divergences d’opinions, et non une erreur factuelle. La militante a fait appel de la décision en novembre 2020, mais la cour d’appel a confirmé la décision initiale en faveur de l’éditeur début février 2021. « Je me sens perdue, parce qu’ils n’y a même pas eu de procès, ils ont simplement rendu le jugement », déclare-t-elle à Reuters.

Peng Yanzi, le directeur de l’association LGBT Rights Advocacy China, estime auprès de Reuters que la décision est « assez dommageable pour l’ensemble de la communauté LGBT  ». « Je ne suis pas le seul à être déçu, choqué et en colère — toute la communauté LGBT l’est — mais nous admirons aussi beaucoup XiXi parce qu’elle a passé des années à poursuivre légalement cela », ajoute-il. 

L’homosexualité a été décriminalisée en Chine en 1997 et a été déclassifiée comme trouble mental en 2001. Cependant, le pays ne reconnaît toujours pas le mariage pour tou.te.s et aucune protection juridique n’existe dans la loi chinoise pour les personnes LGBT+.