LGBTphobies dans la police : l'impunité doit cesser

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« Encore une fois, c'est l'existence d'une vidéo qui permet de mettre en lumière un phénomène connu et très certainement sous-évalué dans la police nationale »

Quand nous découvrons ce matin cette vidéo d’une arrestation durant laquelle des insultes homophobes sont prononcées à de très nombreuses reprises par des policiers contre un jeune homme, la réaction est l’indignation, bien sûr, mais aussi la colère et une certaine frayeur.

 

En tant que gay, lesbienne, bi et/ou trans, nous ne connaissons que trop bien ces insultes. Ce sont des insultes que l’on entend ou que l’on a pu entendre régulièrement. Le Rapport 2020 contre les LGBTphobies consacre même un chapitre à la police, la justice et la gendarmerie et note une augmentation des signalements pour des comportements jugés discriminatoires par ces institutions. Extrait, page 103 du rapport : « Deux phénomènes sont en forte hausse en 2019. Un nombre croissant de personnes trans victimes d’agressions font état de mégenrage quasi systématique et de situa- tions humiliantes qui contribuent à les dissuader de porter plainte. D’autre part, de plus en plus d’hommes témoignent de l’homophobie et des situations humiliantes subies lors d’interventions sur des lieux de drague gays, avec parfois des pratiques très stigmatisantes (dispersion, contrôles d’iden- tité). »

L’insulte, l’injure, c’est même, comme l’avait puissamment décrit Didier Eribon dans son ouvrage Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999), ce qui constitue la première « expérience » pour bon nombre de personnes LGBT+. C’est souvent avant même de mettre soi-même des mots sur son identité que l’on reçoit des insultes de la part de son entourage. «  Au commencement il y a l’injure  »  : ainsi s’ouvre ce livre sur l’oppression subie par les personnes LGBT+.

 


Encore une fois, c’est l’existence d’une vidéo qui permet de mettre en lumière un phénomène connu et très certainement sous-évalué dans la police nationale mais aussi dans d’autres institutions. L’homophobie, la trans phobie institutionnalisées, cette volonté de rabaisser l’autre en l’insultant. Que fait le policier dans cette séquence sinon de vouloir humilier ce jeune homme racisé, lui envoyant en pleine face des mots blessants, des mots qui dans l’expression du policier, vise à le faire passer pour « moins qu’un homme ». Parce que c’est ce que beaucoup pensent : « les pédés ne sont pas des hommes ».

L’insulte « pédé » est en tête des insultes les plus proférées dans les cours de récréation. Tout commence là. Et l’Éducation nationale n’a toujours pas pris à bras-le-corps cet enjeu majeur de lutte contre les discriminations.

Comme beaucoup (trop) d’autres métiers, la police nationale est gangrénée par cette culture machiste, cette masculinité toxique, mais aussi par le racisme, l’homophobie, la transphobie. De part son fonctionnement même, où la répression domine (on dit forces de l’ordre alors qu’il y a quelques années, on utilisait l’expression gardiens de la paix), elle devient le bras armé d’une société patriarcale niant les différences et les minorités, et elle participe à la permanence du sexisme, du racisme, des LGBTphobies.

L’IGPN a été saisie. Encore une fois. Mais pour quel résultat ?