Australie : le chef de l'église presbytérienne demande d’ignorer l'interdiction des thérapies de conversion

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Le révérend Peter Barnes, à la tête de l'église presbytérienne d’Australie, a déclaré que les pasteurs ne seront pas tenus d'obéir à l'interdiction des thérapies de conversion.

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La marche des fiertés de Brisbane en 2018 - kommunicate / Shutterstock

Le chef de l’église presbytérienne d’Australie, le révérend Peter Barnes, a affirmé que ses pasteurs ne doivent pas obéir à la récente loi interdisant la pratique des thérapies de conversion. Il a qualifié la législation, adoptée par le parlement de Victoria plus tôt ce mois-ci, d’« autoritaire », selon The Guardian.

« Les autorités civiles ont le droit de gouverner, donné par Dieu, je ne remets pas cela en question, mais leur autorité n’est pas illimitée », explique-t-il au média britannique. « Si le gouvernement adopte une loi que je ne pense pas sage, c’est une chose. Vous n’allez pas plaire à tout le monde tout le temps. Si je pense qu’ils devraient baisser les impôts mais qu’ils les augmentent, je paie quand même mes impôts ». « Mais il y a des limites, et cette législation se met de toute évidence contre les Écritures. C’était une déclaration de guerre contre les Écritures  ».

La loi a été votée par le Parlement de l’État de Victoria, dans le sud-est de l’Australie, le 4 février dernier, après de longs débats d’après ABC. Désormais, toute pratique qui vise à modifier ou supprimer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne est prohibée. Pour les thérapies de conversion infligeant des blessures graves, les peines peuvent aller jusqu’à 10 ans de prison ou jusqu’à 10 000 dollars (6500 euros) d’amendes.

Interdiction dans les établissements de santé et religieux

L’État du Queensland avait adopté une loi similaire en 2020, mais elle ne pénalise que les thérapies de conversion effectuées au sein des établissements de santé. La législation de Victoria, elle, inclut en plus les établissements religieux. Dans le texte, elle vise « la pratique d’une pratique religieuse, y compris, mais sans s’y limiter, une pratique basée sur la prière, une pratique de délivrance ou un exorcisme  ».

Pour Nicole Mugford, membre du Comité LGBTQIA+ de l’Uniting church d’Australie, « c’est une législation de premier plan mondial qui a été durement gagnée par les survivants et les défenseurs qui ont participé aux processus de consultation, partageant leurs histoires et leurs expériences personnelles et faisant campagne pour cette législation qui sauve des vies  ». « Ce que nous savons, c’est que Dieu aime tous les gens, tels qu’ils sont. Cette législation interdit les pratiques de conversion sous quelque forme que ce soit et envoie un message fort aux personnes LGBTIQ+ qu’elles ne sont pas brisées et n’ont pas besoin d’être réparées », ajoute-elle. 

Après l’adoption de la loi, Peter Barnes a publié un communiqué sur le site de l’église presbytérienne d’Australie, intitulé « Que faire maintenant ? ». « En bref, cela signifie que la préférence sexuelle est protégée par la loi, tout comme la préférence de toute personne en matière de genre. Le sexe homosexuel n’est pas autorisé à être appelé “ péché” ” et un homme d’aujourd’hui peut prétendre être une femme demain », écrit-il.

« Que doit faire l’Église ? Il n’y a rien d’unique dans une telle législation. Quand le roi Darius a dépassé son autorité que Dieu lui avait donnée, Daniel a fait “comme il l’avait fait auparavant”  ».

Lorsque le Guardian lui demande s’il sous-entend par ces mots ignorer la loi, il répond que « la politique officielle de l’Église est de prêcher tout le conseil de Dieu – je disais simplement que c’est pour cela que nous nous sommes engagés ».

Le révérend prétend ne jamais avoir entendu parler de thérapie par électrochocs, mais assure que si quelqu’un « venait à moi et me demandait de prier pour eux ou de les aider  », il ne les « refuserait pas ».