Australie : l'État du Queensland interdit les thérapies de conversion

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Le Queensland est devenu jeudi 13 août le premier État d'Australie à rendre les thérapies de conversion illégales. Cependant, des survivants de cette pratique estiment que le projet de loi est insuffisant.

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La marche des fiertés de Brisbane en 2018 - kommunicate / Shutterstock

Jeudi 13 août, l’État du Queensland (nord-est) est devenu le premier d’Australie à interdire les thérapies de conversion. D’après Reuters, tout.e professionnel.le de santé impliqué.e dans cette pratique visant à « guérir » les personnes LGBT+ encourt jusqu’à 12 mois de prison, ou 18 si la victime est mineure.

Steven Miles, le ministre de la Santé australien, a qualifié les thérapies de conversion de « nuisibles, trompeuses et contraires à l’éthique ». « Aucun traitement ou pratique ne peut changer l’attirance sexuelle ou l’expérience de genre d’une personne », a-t-il déclaré.

Le Queensland interdit les thérapies de conversion

« Les survivants de la thérapie de conversion rapportent éprouver des sentiments profonds de honte, d’aliénation et de désespoir. [Ceux-ci] entraînent souvent des symptômes de dépression, d’anxiété et des pensées suicidaires ». « Les organismes d’experts du monde entier s’opposent fermement à l’utilisation de la thérapie de conversion. Il est temps d’envoyer un message clair indiquant que c’est inacceptable. Une idéologie qui traite les personnes LGBT+ comme brisées ou souillées n’a pas sa place dans notre communauté », explique-t-il.

La porte-parole de l’opposition pour la Santé Ros Bates a relevé que le projet de loi manquait de clarté sur les pratiques liées à la dysphorie de genre.

En réponse, Steven Miles a assuré au Parlement que de nouveaux amendements « levant tout doute » sur « les pratiques fondées sur des preuves et d’autres pratiques cliniquement appropriées » seraient introduits. Il a précisé que le projet de loi interdit toute pratique « fondée sur le principe que le fait d’être [LGBT+] ou intersexe est un défaut ou un trouble ». Ainsi, la législation n’impactera en aucun cas les personne qui fournissent un soutien et un service réels à celles et ceux qui envisagent une transition de genre.

Une loi insuffisante

Plusieurs survivant.e.s de thérapies de conversion s’estiment « extrêmement préoccupés » par ce projet de loi, qu’ils et elles estiment être incomplet. En effet, il ne concerne que les professionnel.le.s de la santé, qui proposent rarement un recours à une telle pratique.

« Dans une très grande majorité, la majeure partie des préjudices survient au fil du temps dans des contextes informels… pas dans des contextes thérapeutiques », ont déclaré les associations SOGICE Survivors et Brave Network à Reuters« Les professionnels de la santé ne sont que très rarement impliqués dans les pratiques de conversion en 2020, et ne doivent donc pas être le seul objectif d’une législation ou d’une réponse ».

Le député vert Michael Berkman a soutenu le projet de loi mais partage ces inquiétudes. « Le projet de loi se concentre uniquement sur les praticiens de la santé, ne prenant pas en compte le fait que la majeure partie de la thérapie de conversion se déroule probablement dans des contextes informels et religieux », a-t-il déclaré à QNews.

« L’interdiction de ce type de thérapie devrait être étendue aux institutions religieuses. Le financement d’un soutien spécialisé pour les survivants devrait également être une priorité ».