L'avocate lesbienne Roberta Kaplan en première ligne face à Trump et à l'extrême droite

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Elle est devenue célèbre grâce à l'affaire Edie Windsor en 2013 avec sa victoire devant la Cour suprême, qui avait jugé anticonstitutionnelle une loi fédérale limitant le mariage à une union entre un homme et une femme.

L'avocate ouvertement lesbienne Roberta Kaplan à Harvard en 2019 -Youtube

Roberta Kaplan « n’aime pas les brutes » : c’est ce qui l’a poussée à devenir avocate, et c’est ce qui l’incite aujourd’hui à poursuivre en justice à la fois Donald Trump et des figures de l’extrême droite américaine, même si cela lui vaut de nombreuses insultes.

Elle est devenue célèbre grâce à l’affaire Edie Windsor en 2013 avec sa victoire devant la Cour suprême, qui avait jugé anticonstitutionnelle une loi fédérale limitant le mariage à une union entre un homme et une femme. La décision avait ouvert la voie à la légalisation au niveau national du mariage des couples de même sexe en 2015.

Multiples distinctions

Forte de cette notoriété et de multiples distinctions de sa profession, cette diplômée de Harvard et Columbia, mariée à une militante démocrate, est désormais aux avants-postes de multiples batailles judiciaires contre Donald Trump.

Co-fondatrice de l’association d’aide juridique aux victimes d’agressions sexuelles Time’s Up, elle a attaqué le milliardaire en diffamation au nom de l’ex-éditorialiste du magazine Elle, E. Jean Carroll, qui dit avoir été violée par le magnat dans un grand magasin new-yorkais au milieu des années 90.

Donald Trump dément – « elle n’est pas mon genre », a-t-il dit en juin 2019 – et l’a traitée de « menteuse », d’où l’action en diffamation. Mais deux amies auxquelles E. Jean Caroll s’est confiée à l’époque devraient témoigner lors du procès, et Roberta Kaplan se montre confiante de l’emporter.

Spécialiste des litiges commerciaux, l’avocate représente aussi un groupe de personnes qui accusent Trump et ses enfants d’avoir frauduleusement appelé, dans son émission de télé-réalité Celebrity Apprentice, à investir dans une société de marketing, ACN.

Et elle défend la nièce de Donald Trump, Mary Trump, qui accuse l’ex-président d’avoir manoeuvré avec ses frère et soeur, pour la priver d’une partie de l’héritage familial.

Dans ces trois dossiers, « Trump a agi comme une brute terrible », a affirmé l’avocate dans un entretien à l’AFP par visioconférence.

Pour autant, il faudra « beaucoup de patience et d’obstination » pour l’emporter face à l’ex-président, qui « dans le passé s’est montré prêt à utiliser toutes les ficelles possibles pour bloquer ou retarder les dossiers », dit-elle.

Caricatures nazies

Au-delà de Donald Trump, cette femme de 54 ans mène aussi la seule action intentée au civil contre les figures de proue, néo-nazis et suprémacistes blancs, des violences de Charlottesville d’août 2017. Reporté par la pandémie, le procès doit démarrer en octobre.

« J’aurais vraiment aimé avoir tort, lorsque je voyais Charlottesville comme un avertissement particulièrement effrayant de ce qui se passait dans ce pays », dit-elle.

L’assaut contre le Capitole du 6 janvier a prouvé selon elle que les forces à l’œuvre à Charlottesville « avaient continué à prospérer » et constituent aujourd’hui « la plus grande menace à la sécurité de notre pays ».

Une menace pour sa sécurité personnelle aussi : une société privée lui fournit quotidiennement un compte-rendu sur les intimidations qui circulent contre elle sur les réseaux sociaux.

« Je suis ouvertement lesbienne, new-yorkaise, à la tête de Time’s Up… Il y a beaucoup de choses pour lesquelles les gens pourraient me critiquer. Mais ce qui me sidère, c’est que l’essentiel de ce qu’ils disent concerne le fait que je suis juive. Ils mettent en ligne des caricatures de moi qui ressemblent exactement à des caricatures nazies des années 30 ».

Elle qui défendit un temps Amber Heard, ex-épouse de Johnny Depp, est également devenue une des cibles favorites des fans de la vedette de Pirate des Caraïbes.

L’arrivée au pouvoir de Joe Biden la rend cependant optimiste.

Les nouveaux responsables fédéraux sont « conscients du danger » et « feront le nécessaire pour réduire la menace » extrémiste, dit-elle. « Ils ont réussi à infiltrer des groupes jihadistes après le 11-Septembre. Ça devrait être plus facile d’infiltrer nos terroristes américains ».

Avec l’AFP