« Une rencontre inoubliable avec le résistant Daniel Cordier », par Jean-Luc Schwab

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Le 21 août 2012, le militant pour la mémoire de la déportation homosexuelle Jean-Luc Schwab rend visite au résistant et marchand d'art Daniel Cordier, né en 1920, dont on avait appris l'homosexualité à la fin des années 2000 et qui est mort le 20 novembre dernier. Récit très personnel et forcément subjectif d'une rencontre inoubliable.

Daniel Cordier avait 100 ans, il était l'un des deux derniers compagnons de la Libération - Jean-Luc PETIT / Shutterstock
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Jean-Luc Schwab a été le confident, le biographe et l’exécuteur testamentaire de Rudolf Brazda (1913-2011), dernier rescapé parmi les déportés porteurs du triangle rose. Impliqué jusqu’en 2015 dans une association mémorielle LGBT dont il s’est distancié depuis, il poursuit aujourd’hui son engagement associatif autour de la mémoire de la déportation en tant que président de l’Amicale nationale des déportés et familles de disparus de Natzweiler-Struthof et de ses kommandos. Parallèlement, ses recherches sur la répression de l’homosexualité masculine pendant la dernière Guerre mondiale, en Alsace annexée notamment mais également en France sous l’Occupation, le mobilisent depuis une décennie et doivent prochainement faire l’objet d’une publication synthétique.

Le 21 août 2012, il avait rendu visite au résistant et marchand d'art Daniel Cordier, né en 1920, dont on avait appris l'homosexualité à la fin des années 2000 et qui est mort le 20 novembre dernier, il y a tout juste un mois.

« Ma rencontre inoubliable avec le résistant Daniel Cordier », par Jean-Luc Schwab

Beaucoup de voix se sont élevées pour regretter très justement que l’homosexualité qu’affichait discrètement Daniel Cordier ait été par trop passée sous silence lors des hommages qui lui furent rendus après son décès. Hormis les mentions qu’il avait pu lui-même en faire, il est vrai qu’elle n’a souvent été abordée que de façon marginale au cours des interviews depuis la parution du premier tome de son autobiographie, Alias Caracalla, qui marquait aussi son coming out pour le grand public.

Curieux de son vécu sur ce point particulier, je lui avais rendu visite en 2012 à son domicile cannois où il avait eu la gentillesse et la générosité de me recevoir pour répondre à mes interrogations.

Loin des hommages officiels, ce récit très personnel – et forcément subjectif, ambitionne toutefois de nuancer les affirmations de certains militants et gazettiers qui se sont empressés de voir en Daniel Cordier le militant LGBT qu’il ne fut pas, pas plus que le résistant dont l’engagement aurait été avant tout motivé par une sexualité alors mal vue.

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