Pologne : un médiateur conservateur évoque des éducateurs qui « changent le sexe » des enfants

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Le délégué polonais aux Droits de l'enfant, ultra-conservateur, s'est attiré mercredi une avalanche de critiques et des appels à la démission pour avoir parlé dans un entretien d'éducateurs sexuels dans des écoles qui « changent le sexe » des enfants à l'aide de médicaments.

Mikolaj Pawlak - Marek Michalak / Wikicommons

Le délégué polonais aux Droits de l’enfant, ultra-conservateur, s’est attiré mercredi une avalanche de critiques et des appels à la démission pour avoir parlé dans un entretien d’éducateurs sexuels dans des écoles qui « changent le sexe » des enfants à l’aide de médicaments.

Connu pour ses opinions controversées, notamment sur le caractère « indigne » de la méthode de procréation in vitro, et défenseur des fessées parentales, Mikolaj Pawlak, 40 ans, a rejoint lundi le débat en Pologne sur la place des personnes LGBT+ dans ce pays, lancé par les conservateurs nationalistes au pouvoir.

Lors d’une interview mardi à la chaîne TVN24, M. Pawlak a dénoncé « l’idéologie » et « l’idée » LGBT qui, selon lui, est « non conforme avec ce qu’on entend comme le patriotisme traditionnel polonais », avant d’attaquer des organisations non-gouvernementales spécialisées dans l’éducation sexuelle dans les écoles.

Des éducateurs, notamment à Poznan (ouest), « identifient des enfants déstabilisés, abandonnés, et leur donnent des substances pharmacologiques pour les faire changer de sexe. Et c’est à l’insu des parents et des médecins », a-t-il déclaré.

Mercredi, M. Pawlak a indiqué qu’il se basait sur un article de l’hebdomadaire polonais Tygodnik Solidarnosc dénonçant le commerce illégal des produits hormonaux sur des forums pour des personnes trans, et a annoncé avoir saisi le parquet de cette affaire.

Rejet

Ces propos ont été rejetés tant par la mairie de Poznan que par le rectorat local, alors que l’opposition centriste a annoncé qu’elle demanderait la démission de M. Pawlak.

Les déclarations du délégué aux Droits de l’enfant, une fonction inscrite dans la Constitution polonaise, s’inscrivent dans une large campagne anti-LGBT+, très marquée ces derniers temps en Pologne, où l’église catholique est très forte.

Dans une prise de position officielle face à « l’idéologie du genre et (aux) mouvements LGBT+ », les évêques polonais ont proposé la semaine dernière la création près les structures de l’Eglise de « centres de consultation pour les personnes souhaitant retrouver leur santé sexuelle et leur l’orientation sexuelle naturelle ».

Lors de la campagne électorale avant le scrutin présidentiel de juillet, les conservateurs au pouvoir en Pologne ont largement utilisé une rhétorique anti-LGBT, provocant des protestations des institutions internationales.

Le président conservateur Andrzej Duda, qui a été réélu, avait alors comparé « l’idéologie LGBT » à un « néo-bolchévisme ».

Depuis le début du mois les manifestations se multiplient en signe de solidarité avec la communauté LGBT ainsi que contre les brutalités policières, après l’arrestation d’une militante à Varsovie et l’interpellation d’une cinquantaine de contestataires qui tentaient de s’y opposer, tous relâchés depuis.

Avec l’AFP