Pologne : manifestations de soutien après l'arrestation d'une militante LGBT+

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Des manifestations sont intervenues après l'arrestation d'une militante LGBT+ en Pologne et l'interpellation de contestataires qui tentaient de s'y opposer.

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Une manifestation LGBT+ à Cracovie le 21 juin 2020 - Longfin Media / Shutterstock

Des milliers de personnes ont protesté samedi 8 août dans toute la Pologne en signe de solidarité avec la communauté LGBT+, ainsi que contre les violences policières. Ces manifestations sont intervenues après l’arrestation d’une militante LGBT+ à Varsovie et l’interpellation d’une cinquantaine de contestataires qui tentaient de s’y opposer.

Les personnes appréhendées ont eu vendredi soir une bousculade avec la police. Elles tentaient d’empêcher l’interpellation d’une militante LGBT+, connue sous le nom de Margot, après la décision d’un tribunal de la placer pour deux mois en détention préventive.

La plus grande manifestation s’est déroulée dans le centre de Varsovie, où quelques milliers de personnes se sont rassemblées. Plusieurs d’entre elles portaient des drapeaux ou des parapluies arc-en-ciel.

« Nous nous réunissons pour protester ensemble contre la violence et l’homophobie systémique », ont déclaré les organisateurs, une coalition de groupes de défense des droits LGBT+, dans un communiqué.

« Empathie, solidarité, action !  » pouvait on lire sur une des pancartes, tandis que certains manifestant.e.s scandaient des slogans contre la police et que d’autres criaient « Tu ne marcheras jamais toute seule ! » s’adressant à la militante arrêtée.

A Lublin, une ville au sud-est de Varsovie qui s’est déclarée « zone sans idéologie LGBT », un petit groupe de manifestant.e.s, pour la plupart des jeunes, ont défilé et se sont rassemblé.e.s devant le bureau du procureur local.

«  Gay par naissance, fier par choix  » et « Solidarité est notre arme », pouvait-on lire sur des banderoles. Les militant.e.s portaient également des sacs et des ballons aux couleurs arc-en-ciel. « Nous sommes fatigués par ce gouvernement », a déclaré Julia, 17 ans, qui a refusé de donner son nom de famille par crainte de représailles.

Seuls 29 % des Polonais soutiennent le mariage pour tou.te.s, selon un sondage réalisé en 2019 par l’institut CBOS.

Lors de la campagne électorale avant le scrutin présidentiel de juillet, les conservateurs au pouvoir en Pologne, pays profondément catholique, ont largement utilisé une rhétorique anti-LGBT+, provocant des protestations des institutions internationales. Le président conservateur Andrzej Duda, qui a été reélu, avait alors comparé «  l’idéologie LGBT  » au « néo-bolchévisme ».

À sa prestation de serment au Parlement jeudi, des députées de gauche portaient les couleurs du drapeau arc-en-ciel, devenu un emblème anti-gouvernemental en Pologne, en particulier ces derniers mois.

Cette semaine, la police polonaise a inculpé trois personnes pour profanation de statues et atteinte à des sentiments religieux après que des militants ont drapé plusieurs monuments de Varsovie, dont l’un de Jésus-Christ, avec des drapeaux LGBT+.

48 personnes interpellées en Pologne

Margot, une femme trans, dont l’arrestation vendredi a provoqué des bousculades avec la police, a été déférée sous son identité masculine devant un tribunal. Elle est accusée d’avoir endommagé un van portant des inscriptions homophobes à Varsovie en juin, et d’avoir poussé une bénévole d’une fondation anti-avortement propriétaire du van.

Le van de l’association anti-avortement « Fondation pro-droit à la vie » circule fréquemment dans le centre de Varsovie, recouvert d’affiches mettant en lien homosexualité et pédophilie.

Lors de la bousculade vendredi, 48 personnes ont été interpellées. L’arrestation de Margot a provoqué des protestations de l’opposition et des institutions internationales.

« J’appelle à la libération immédiate de la militante LGBT Margot (…). L’ordre de la détenir pendant 2 mois envoie un signal très effrayant pour la liberté de parole et les droits des (personnes) LGBT en Pologne  », a écrit samedi sur Twitter la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic.

« J’aimerais bien voir les criminels dangereux poursuivis aussi ardemment que les militants », a déclaré pour sa part vendredi Hanna-Gill Piatek, une élue de gauche présente à la manifestation.

Avec l’AFP

 

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